Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/356

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qui ne l’aime plus[1], car je le sais ; mais il est si misérable1680 et si soumis, que sa foiblesse lui fait comme une passion : jamais je n’ai vu moins d’amitié que dans cet amour-là. Ma fille, voilà ce qui me vient présentement ; il me semble que j’aurois bien des choses à dire. Mandez-moi quand vous aurez cette lettre[2] ; elle est un peu comme celles de Cicéron[3].


1680

799. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Paris, vendredi 12e avril.

Vous me parlez de Madame la Dauphine ; le chevalier vous doit instruire bien mieux que moi. Il me paroît qu’elle ne s’est point condamnée à être cousue avec la Reine : elles ont été à Versailles ensemble[4] ; mais les autres jours elles se promènent[5] séparément. Le Roi va souvent l’après-dînée chez la Dauphine, et il n’y trouve

  1. 11. Dans le texte de 1737 : « qu’il n’aime plus. »
  2. 12. « Quand vous aurez reçu cette lettre. » (Édition de 1754.)
  3. 13. La traduction des Épîtres familières de Cicéron par Godouin, professeur d’hébreu au Collége de France, qui avait paru pour la première fois en 1663, avait été réimprimée dans les tomes VII-IX des Œuvres de Cicéron, publiées par du Ryer en 1670 (12 volumes in-12).
  4. Lettre 799 (revue presque en entier sur une ancienne copie). — 1. « Le 24e de ce mois, dit la Gazette (sous la rubrique de Versailles, le 28 mars), le Roi et la Reine, accompagnés de Monseigneur le Dauphin, de Madame la Dauphine, de Monsieur et de Madame, vinrent ici de Saint-Germain. Le Roi fit voir à Madame la Dauphine les appartements du château, se promena avec elle dans les allées du petit parc, la mena à Trianon, et lui donna le soir une collation dans l’appartement des bains. Ils retournèrent à Saint-Germain, d’où ils sont revenus ici aujourd’hui pour voir les eaux. »
  5. 2. « Elles se promenoient. » (Édition de 1737.) — Dans notre manuscrit, elles est au pluriel et promène au singulier.