1680 une perte de sang si considérable, qu’elle est encore à Maubuisson dans son lit, avec la fièvre, qui s’y est mêlée ; elle commence même à enfler ; son beau visage est un peu bouffi. Le prieur de Cabrières ne la quitte pas ; s’il fait cette cure, il ne sera pas mal à la cour. Voyez si tout cela n’est pas précisément contraire à l’état d’une pareille beauté[1]. Voilà de quoi méditer ; mais en voici un autre sujet,
Mme de Dreux sortit hier de prison ; elle fut admonestée[2], qui est une très-légère peine, avec cinq cents livres d’aumône. Cette pauvre femme a été un an dans une chambre, où le jour ne venoit que d’un très-petit trou d’en haut, sans nouvelles, sans consolation. Sa mère, qui l’aimoit très-passionnément, qui étoit encore assez jeune et bien faite, et qu’elle aimoit aussi, mourut, il y a deux mois, de la douleur de voir sa fille en cet état. Mme de Dreux, à qui on ne l’avoit point dit, fut reçue hier à bras ouverts de son mari et de toute sa famille, qui l’allèrent prendre à cette chambre de l’Arsenal. Ses premières paroles furent[3] : « Et où est ma mère ? et d’où vient qu’elle n’est pas ici ? » M. de Dreux lui dit qu’elle l’attendoit chez elle. Elle ne put sentir la joie de sa liberté, et demandoit toujours ce qu’avoit sa mère, et qu’il falloit qu’elle fût bien malade, puisqu’elle ne venoit point l’embrasser. Elle arrive chez elle : « Quoi ? je ne vois point ma mère ! quoi ? je ne l’entends point ! » Elle monte avec précipitation ; on ne savoit que lui dire : tout le monde pleuroit ; elle couroit dans sa chambre, elle l’appeloit ; enfin un père célestin, son confesseur, parut, et lui dit