Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/411

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qu’on peut dire là-dessus, c’est que c’est un très-bon ou un très-mauvais valet[1] ; il n’y a pas moyen de me contester ce discours. Il y auroit extrêmement à causer, à raisonner, à admirer sur tout cela.

Je lis mon petit livre de la Réunion du Portugal ; je vous l’enverrois si j’étois dans votre continent, mais il me semble que je ne suis plus à portée de rien. Cette histoire est écrite en italien par un gentilhomme génois, nommé Conestage, homme de grande réputation, et c’est un ami du cardinal d’Estrées et de Mme de la Fayette qui l’a traduite ; elle se laisse lire en perfection[2].

Adieu, ma très-chère et très-aimable : voilà ma lettre de Provence achevée ; elle sait bien se faire céder la place ; j’irai faire tantôt des billets chez nos sœurs. Vos lettres me servent d’entretien d’un ordinaire à l’autre ; c’est vous qui me parlez, et c’est moi qui vous embrasse mille fois avec une tendresse que vous ne sauriez vous-même vous représenter[3].


1680

* 811. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE GUITAUT.

À Nantes, ce 18e mai.

Je me suis contentée de savoir que Madame votre femme étoit accouchée heureusement, et de m’en réjouir

  1. 36. « C’est que c’est assurément un très-bon ou très-mauvais valet. » (Édition de 1754.)
  2. 37. Cet ouvrage est de Jérôme Franchi de Conestaggio noble Génois qui avait été chapelain de Philippe III. Il fut imprimé à Gênes en 1585. La traduction que Mme de Sévigné lisait, et dont l’auteur est inconnu, parut en 1680 ; Paris, Louis Billaine, volumes petit in-8o. (Note de l’édition de 1818.)
  3. 38. « Avec une tendresse qui ne se peut représenter. » (Édition de 1754.)