1680
mais pourra[1] bien étouffer : je vois leurs cœurs. Mme de Lavardin me parle de Malicorne[2], où elle veut venir doucement finir sa carrière[3]. Je vois un dessous de cartes funeste ; je vois encore l’embarras de son fils[4], déchiré d’amitié, de reconnoissance pour sa mère, chagrin de l’incompatibilité de son humeur, empêtré d’une jeune femme, sacrifié sottement à son nom et à sa maison : quand[5] je serois à cette noce, je n’y verrois pas plus clair. En vérité, je prends intérêt[6] à tous ces divers personnages ; je fais des réflexions sur toutes ces choses dans mes bois. Je vois avec quelque sorte de consolation que personne n’est content dans ce monde : ce que tu vois de l’homme n’est pas l’homme, cela se voit partout[7]. Si j’avois quelqu’un pour m’aider à philosopher, je pense que je, deviendrois une de vos écolières[8], mais je ne rêve que comme on faisoit du temps que le cœur étoit à gauche. Après cette fête, je m’en vais prendre quelque livre pour essayer de faire quelque usage[9] de ma raison : je ne prendrai pas votre P. Senault[10] ; où allez--
- ↑ 41. « Mais elle pourra. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
- ↑ 42. Voyez tome II, p. 224, note 3.
- ↑ 43. « Venir achever doucement sa carrière. » (Édition de 1754.)
- ↑ 44. « Du fils. » (Ibidem.)
- ↑ 45. Le mot quand n’est pas dans le texte de 1737.
- ↑ 46. Dans notre manuscrit, par erreur sans doute : « je perds intérêt ; » et deux lignes plus loin : « avec quelle sorte de consolation. »
- ↑ 47. Ce dernier membre de phrase : « cela se voit partout, » ne se lit que dans notre manuscrit.
- ↑ 48. Ce qui suit le mot écolières, jusqu’à : « je m’en vais prendre quelque livre, » n’est pas non plus dans les éditions de Perrin.
- ↑ 49. « De faire usage. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
- ↑ 50. Jean-François Senault, né à Anvers en 1599 ou 1604, devint supérieur général de l’Oratoire, et mourut à Paris en 1672. On a de lui un traité de l’Usage des passions, publié en 1641, quelques oraisons funèbres, entre autres celles de Marie de Médicis et de Louis XIII, et divers autres ouvrages.