Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/512

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1680 que tout se tourne à bien pour le faire riche, comme tout réussit aux élu[1]. Je vous envoie une lettre[2] de Mme de Lavardin ; peut-être qu’elle se trouvera mieux qu’elle ne pense de la société de ces jeunes gens : les choses n’arrivent presque jamais[3] comme on se les imagine.

Je vous ai parlé en badinant des frayeurs que me donnoit l’accident de Mme de Saint-Pouanges[4] : je ne suis pas pire que j’étois[5] ; n’est-ce pas assez pour en être honteuse ? j’essaye plutôt de les corriger que de les établir, et je me fais tous les jours[6] de nouvelles leçons de la Providence ; mais c’est quelquefois aussi par ces prévoyances qu’on est garanti des malheurs où les autres tombent par leur imprudence, et tout cela seroit des chemins par où s’accomplissent ses ordres[7]. Enfin vous ne me jetterez point mes livres à la tête ; car je ne suis que comme j’étois. J’entends fort bien[8] ces Conversations cartésiennes ; il me semble que je vous entends tous. Il y a un endroit de la Recherche de la vérité, contre lequel Corhinelli a écrit ; on y soutient[9] que Dieu nous donne une impulsion à l’aimer, que nous arrêtons et détournons par notre volonté[10]. Cela paroît bien rude

  1. s24. Voyez ci-dessus, p. 121, note 13, et ajoutez aux endroits de l’Écriture cités dans cette note le chapitre ix de l’Épître aux Romains.
  2. 25. « Un billet. » (Édition de 1754.)
  3. 26. « Quasi jamais. » (Ibidem.)
  4. 27. Voyez la lettre du 12 juin précédent, p. 454 et 455. — Dans le texte de 1754 : « C’est en badinant que je vous ai parlé, etc. »
  5. 28. « Pis que j’étois. » (Édition de 1754.)
  6. 29. « J’essaye plutôt de m’en corriger que de les établir, et je me fais toujours, etc. » (Ibidem.)
  7. 30. Ce dernier membre de phrase a été supprimé dans l’édition de 1754.
  8. 31. « Je comprends fort bien. » (Édition de 1754.)
  9. 32. « On y dit. » (Ibidem.)
  10. 33. Voyez le chapitre du livre IV de la Recherche de la vérité, où Malebranche dit entre autres choses : « Il me paroît incontestable