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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/548

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1680

834. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, ce dimanche 21e juillet.

Je n’aime point, ma fille, que vous disiez que vos lettres sont insipides et sottes : voilà deux mots qui n’ont jamais été faits pour vous ; vous n’avez qu’à penser et à dire, je vous défie de ne pas bien faire ; tout est nouveau, tout est brillant, et d’un tour noble et agréable. Reprenez sur moi le trop de louanges que vous me donnez ; mettez-les de votre côté, si vous voulez être juste ; mais si vous voulez continuer à me plaire[1] continuez à me faire écrire par la Pythie ou par une autre ; donnez-moi toujours la joie de vous imaginer bien couchée et bien à votre aise sur votre petit lit. Ne craignez point la paresse, ma belle ; vous savez bien qu’il n’est pas aisé de commettre ce péché, puisque, selon un casuiste de notre connoissance[2], « la paresse est un regret que les sacrements soient la source de la grâce, et que les choses spirituelles soient spirituelles[3]. » Cette définition vous met fort à couvert ; ainsi, ma chère enfant, soyez bien ce que nous appelons improprement paresseuse, si vous êtes bien aise de me faire goûter sans mélange le plaisir de vous voir guérie de toutes les incommodités dont vous étiez accablée[4].

  1. Lettre 834 (revue en partie sur une ancienne copie). — 1. « Mais si vous avez envie de me plaire. » (Édition de 1754.)
  2. 2. Escobar.
  3. 3. « Puisque selon un célèbre casuiste, la paresse est une tristesse de ce que les choses spirituelles sont spirituelles, comme seroit de s’affliger de ce que les sacrements sont la source de la grâce. » (Édition de 1754.) — Cette variante de l’édition de 1754 est le texte même de la IXe Provinciale, rétabli par Perrin ; Mme de Sévigné avait cité de mémoire.
  4. 4. « …paresseuse ; c’est le plus sûr moyen de me faire goûter