Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/555

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1680 loux, tout propre à se dévorer. Pour moi, je tâterois si la Providence ne voudroit pas bien qu’elle fût à Aubenas ; elle seroit moins égarée. J’embrasse le petit garçon : je pense souvent à lui et à Pauline, mais tout cela en chemin faisant pour aller à vous, car vous êtes le centre de tout. Je me réjouis avec M. de Grignan de la beauté de sa terrasse ; s’il en est content, les ducs de Gênes, ses grands-pères[1], l’auroient été : son goût est meilleur que

  1. 19. Nous trouvons dans un petit livre que Mme  de Sévigné avait certainement eu dans les mains, la fable généalogique sur laquelle elle plaisante sans doute ici son gendre ; mais c’est fort sérieusement qu’à propos de l’alliance de Marguerite d’Ornano avec le père du comte de Grignan, l’auteur donne les renseignements que voici : « Messire Louis Gaucher Adheymar de Monteil comte de Grignan, autant connu par son esprit et valeur que par son extraction, qu’il tiroit des anciens ducs de Gênes, vicomtes de Marseille, princes d’Orange et souverains de Monteil, qui furent les boucliers de la foi sous le victorieux Charlemagne, ce que justifie un acte de transaction dont l’original que j’ai vu en parchemin se conserve ès archives de la baronnie de la Garde : cet acte fut passé à Barcelone le 6e juin l’an 830, sous les règnes du pape Grégoire IVe et de l’empereur Louis Ier, entre Lambert Giraud Adheymar de Monteil, duc de Gênes, vicomte de Marseille, et seigneur souverain de Monteil d’une part, et Charles et Giraud Adheymar de Monteil, frères, et fils de feu illustre Giraud Hugues Adheymar de Monteil, et de Brigide d’Albret ; ce même acte se fit par l’entremise d’illustre et révérend en Christ, père et seigneur Adheymar de Monteil, archevêque de Mayence, leur frère, par lequel acte ils s’accordent que Charles susnommé prendra en partage le palais et village de Saint-Paul-Tres-Chasteaux, la forteresse de Bary, Chabrières, et Bolaine… ; que Giraud son puîné sera content du château d’Orange, superbement bâti, avec toutes ses propriétés, sans qu’il prétende rien sur les biens donnés par Charlemagne à Charles Giraud et à Giraud Hugon Adheymar, pour reconnoissance des services qu’ils ont rendus à Sa Majesté Impériale ; l’acte portant ces termes : ad remunerationem servitiorum factorum tam in guerris, quam in armigeris ducentibus contra impios et crudelissimos Sarracenos, Saxones et alios vafros principes, inimicos nominis et Religionis Christianorum, etc. » (Les Corses françois contenant l’histoire généalogique des plus illustres seigneurs et gentilshommes de l’île de Corsègue lesquels se sont attachés au service de la France, par M. le chevalier