Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/74

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sion : une belle et grande maison, qu’on avoit louée pour revenir cet hiver, est rendue, et le voyage d’Auvergne n’aura ni fin ni terme. Voilà une belle histoire dont vous vous souciez beaucoup, ma chère belle ; c’est l’oisiveté qui jette dans ces sortes de verbiages.


1679

*748. DU COMTE DE BUSSY RABUTIN À MADAME DE SÉVIGNÉ.

Le lendemain du jour que j’eus reçu cette lettre (no 745, p. 61), j’y fis cette réponse.
À Chaseu, ce 27e octobre 1679.

J’ai reçu votre lettre du 24e de ce mois, Madame, et j’en recevrai encore quelques-unes de Paris avant que je parte d’ici, car encore que j’aie reçu, il y a près de quinze jours, la permission que j’ai demandée au Roi, les affaires que j’ai ici m’y retiendront jusqu’au commencement de décembre. J’en ai à Paris, mais quand je n’en aurois point d’autre[1] que celles de ma fille de Coligny, je ne laisserois pas d’y aller. Comment avez-vous pu croire que je demeurasse seul dans mes châteaux ? Pour moi, je vous plains extrêmement de ne pouvoir accompagner la belle Madelonne en Provence, et d’autant plus que vous l’avez laissée partir avec une méchante santé.

Je comprends bien que vous êtes mieux à Livry qu’à Paris. Dans le commencement de ces séparations, les gens que vous voyez dans le monde veulent que vous soyez toujours gaie et divertissante et n’entrent point dans les raisons de votre chagrin. Nous l’adoucirons, ma

  1. Lettre 748. — 1. « Mais quand je n’y en aurais point d’autres. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) — Dans l’avant-dernière phrase de la lettre, ce manuscrit omet les mots « comme vous. »