chère cousine, en le partageant avec vous. Cependant ne vous y laissez point trop aller, car outre que vous vous donneriez trop d’affaires, le chagrin est mortel à tout le monde, et surtout aux personnes qui, comme vous, ne sont pas nées pour être tristes.
Adieu, ma chère cousine : je vous assure que nous vous aimons tendrement, votre nièce et moi.
1679
749. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.
Vous[1] devriez avoir reçu la lettre que je vous écrivis de Pompone avec Mme de Vins, dans le même paquet[2] ; mais vos orages ont tout dérangé. Que vous êtes excessifs en Provence ! tout est extrême, vos chaleurs, vos sereins, vos bises, vos pluies hors de saison, vos tonnerres en automne : il n’y a rien de doux ni de tempéré. Vos rivières sont débordées, vos champs noyés et abîmés, votre Durance a quasi toujours le diable au corps ; votre île de Brouteron très-souvent submergée. Enfin, ma fille, quand je songe à la délicatesse de la santé que vous opposez à tant de choses si violentes, je tremble ;
- ↑ Lettre 749. — 1. Dans l’édition de 1734, deux des paragraphes de cette lettre : le premier (moins la dernière phrase, que cette édition ne donne pas) et le quatrième, sont à la date du 10 octobre 1677 (voyez tome V, p. 348, note 15). Le commencement est un peu différent : « Vous devriez avoir reçu trois de mes lettres, ma chère fille ; mais vos orages, etc. » À la cinquième ligne, cette même impression de 1734 supprime les mots : « vos bises, vos pluies hors de saison ; » deux lignes plus loin, elle donne : « vos champs noyés ou brûlés et réduits en cendre. »
- ↑ 2. Voyez la lettre du 13 octobre précédent, p. 47.