Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/79

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je lui demande pardon du mal que j’ai dit de son pays ; je ne vois que des furies depuis que vous y êtes. Je lui ferai des excuses, quand il me parlera des beaux jours que vous aurez à Lambesc, et que j’ai admirés moi-même comme les autres. Je lui recommande sa chère femme.


1679

750 — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

À Livry, jeudi au soir 2e novembre.

Je vous écris ce soir, ma très-chère, parce que j’ai envie d’aller demain[1] à Pompone. Mme de Vins m’en prioit l’autre jour si bonnement, que je m’en vais la voir, et M. de Pompone, que l’on gouverne mieux en dînant un jour à Pompone avec lui, qu’à Paris en un mois. Vous voulez donc que je me repose sur vous de votre santé, et je le veux de tout mon cœur, s’il est vrai que vous soyez changée sur ce sujet : ce seroit en effet quelque chose de si naturel que cela fût ainsi, et votre négligence à cet égard me paroissoit si peu ordinaire, que je me sens portée à croire que cette droiture d’esprit et de raison aura retrouvé sa place chez vous. Faites donc, ma chère enfant, tout ce que vous dites : prenez du lait et des bouillons, mettez votre santé devant toutes choses ; soyez persuadée que c’est non-seulement par les soins et par le régime que l’on rétablit une poitrine comme la vôtre, mais encore par la continuité des régimes ; car de prendre du lait quinze jours, et puis dire : « J’ai pris du lait, il ne me fait rien ; » ma fille, c’est se moquer de nous,

  1. Lettre 750. — 1 « Demain matin. » (Édition de 1754.) — Le texte de 1734 ne donne que la première phrase de cet alinéa, et reprend à : « On ne parle point encore, etc. »