Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 6.djvu/96

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1679 loureusement et le sent bien, je vous en assure. M. de Pompone n’étoit pas en faveur ; mais il étoit en état d’obtenir de certaines choses ordinaires, qui font pourtant l’établissement des gens : il y a bien des degrés au-dessous de la faveur des autres, qui font la fortune des particuliers. C’étoit aussi une chose bien douce de se trouver naturellement établie à la cour. 0 Dieu ! quel changement ! quel retranchement ! quelle économie dans cette maison ! Huit enfants ! n’avoir pas eu le temps d’obtenir la moindre grâce ! Ils doivent trente mille livres de rente ; voyez ce qui leur restera : ils vont se réduire tristement à Paris, à Pompone. On dit que tant de voyages, et quelquefois des courriers qui attendoient, et même celui de Bavière, qui étoit arrivé le vendredi, et que le Roi attendoit impatiemment, ont un peu contribué à ce malheur[1]. Vous comprendrez[2] aisément ces conduites de la Providence, quand vous saurez que c’est M. le président Colbert qui a la charge ; il est en Bavière ; Monsieur son frère[3] la fait en attendant, et lui a écrit en se réjouissant, et pour le surprendre, et[4] comme si on s’étoit trompé au dessus de la lettre : A Monsieur, Monsieur Colbert, ministre et secrétaire d’État. J’en ai fait mon compliment[5] dans la maison affligée ; rien ne pou-

  1. 13. « … ont un peu attiré ce malheur. » (Édition de 1754.) — Sur la disgrâce de Pompone, et sur le retard du courrier de Bavière, voyez les Mémoires de Saint-Simon, tome II, p. 324 et suivantes. — La nouvelle est annoncée en ces termes dans la Gazette du 25 novembre : « Le Roi a donné au sieur Colbert, président au mortier (voyez ci-dessus, p. 52, note 7), la charge de secrétaire d’État vacante par la démission du sieur de Pompone. »
  2. 14. Dans les deux éditions de Perrin : « Mais vous comprendrez. »
  3. 15. « Comme il est en Bavière, son frère, etc. » (Édition de 1754.) — Voyez plus loin, p. 96, note 17.
  4. 16. Ce dernier et ne se trouve dans aucune des deux éditions de Perrin.
  5. 17. Dans les deux éditions de Perrin : « mes compliments. »