1680 plus tôt que vous que sa fièvre diminuoit, et que l’Anglois le guérissoit, comme il a guéri tous ceux qui se sont adressés à lui : voici une grande année pour sa réputation. Dieu merci, ma fille, voilà qui est fini : l’abbé de Pontcarré me mande que le chevalier et Monsieur d’Évreux sont sans fièvre[1] ; et les projets qui paroissoient un peu dérangés vont reprendre le fil de leur discours. Je suis fâchée du voyage de M. de Grignan ; il sera revenu quand vous recevrez cette lettre ; mais je ne puis m’empêcher d’en parler. Quelle bombe tombée au milieu des plaisirs et de la tranquillité de votre automne ! c’est en vérité quitter beaucoup que de quitter votre château, et toute la bonne compagnie, et la bonne chère, et la musique ; il n’y a point de religieux à qui l’obéissance donne plus de mortification. Ces Messinois[2], qui font plus de peur que de mal aux autres, vous font, comme vous dites, bien plus de mal que de peur : et quelle dépense ! et qu’elle vient mal à propos[3] ! Je vois tous ces contre-temps avec autant de chagrin que vous ; et je vous conduis au
- ↑ Lettre 858. — 1. Dans le texte de 1737, il y a simplement : « que le chevalier est sans fièvre. » — Parmi les personnes guéries par le remède anglais, le Mercure d’octobre, qui parle longuement de ce remède (p. 272 et suivantes), nomme Monsieur le Prince et Monsieur le Duc.
- ↑ 2. C’est Vivonne sans doute et ses officiers que Mme de Sévigné désigne ainsi : Vivonne, l’ancien vice-roi de Sicile, avait pendant trois ans (de 1675 à 1678) résidé à Messine ; il avait pris en 1680 le commandement de dix-huit galères, et venait de les ramener dans les ports de Provence ; il paraît que le comte de Grignan s’était cru obligé de lui aller rendre visite. On lit dans la Gazette du 28 septembre, sous la rubrique de Marseille, le 14 : « Les dix-huit galères commandées par le maréchal duc de Vivonne sont arrivées au port de Cette, après avoir mouillé à Collioure, et les douze commandées par le duc de Mortemar (le fils de Vivonne) sont aux îles d’Hières. »
- ↑ 3. Ces deux derniers membres de phrase ne se lisent pas dans le texte de 1737.