Aller au contenu

Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/101

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

1680 travers de tout cela jusques au jour qu’il me paroît que tout aura repris sa place : je ne crois point que vous puissiez vous bien porter que cela ne soit. Vous êtes trop vive pour trouver du repos et des nuits tranquilles avec des sujets d’agitation. Je vous ai vue mettre cuire des pensées, et rêver profondément pour des sujets qui le méritoient moins. Je suis persuadée que vous n’aurez point M. de Vendôme ; mais cela ne doit upas vous empêcher de partir : vous attendrez à Paris M. de Grignan, comme vous avez fait d’autres fois[1]. Vous avez plus de raison que personne de ne vous pas exposer par le mauvais temps. Pour nous, mon enfant, nous laisserons passer les fêtes de la Toussaint, et puis nous prendrons notre jour.

Je vous ai fait cinq ou six questions touchant Mlle de Grignan ; vous m’y répondrez. Cette sainte fille est l’objet de mon admiration : vous dites qu’elle se conduit toute seule ; ah ! ma fille, qu’elle a un bon directeur ! Laissez-la faire, abandonnez-la à sa conduite, et croyez, selon ce que j’en puis juger, que jamais une conscience n’a été mieux dirigée. Ce sont des prodiges de grâce que ces vocations[2] : je suis attendrie de cette haute vertu.

Mme de la Fayette me mande que tout le monde tombe de la fièvre, comme si l’on étoit au siège d’une ville, où l’on tirât plusieurs coups de mousquets à la tranchée[3] ; il n’en meurt point, voilà la différence qu’il y a.

J’ai dit à Mme la princesse de Tarente tout ce que la Providence et vous avez entrepris pour Madame sa fille ; je crois qu’étant toutes deux contre elle, vous la confirmerez dans les bons sentiments où elle me paroît : elle

  1. 4. « Quelquefois. » (Édition de 1754.)
  2. 5. « Que ces sortes de vocations. » (Ibidem.)
  3. 6. « D’où l’on tirât plusieurs coups de mousquets sur la tranchée. (Ibidem.)