Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/108

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1680 en disoit plus assurément qu’il n’y en a eu. Oh, Dieu soit loué !

Je vous conjure de n’avoir point de nouvelles douleurs pour votre petit frère[1] ; il est mal ; sa tête est toute pleine de maux qu’on ne sauroit nommer ; il va beaucoup souffrir, car il a le courage et la force de vouloir être guéri ; mais comme il n’y a aucun péril, je vous prie, mon enfant, de vous donner du repos ; ne soyez point en peine de lui, ni de moi ; son mal ne se gagne point à causer et à lire. Il se trouve si heureux d’être ici, qu’il n’a jamais voulu écouter la proposition que je lui ai faite de partir tout à l’heure pour Paris : lui, en litière, à cause des douleurs de sa tête ; moi, en carrosse. Il se représente une séparation si horrible à Paris, qu’il ne peut l’envisager : ce n’est pas ici la même chose ; il a beaucoup de confiance à l’homme qui le traite ; il a abandonné huit jours ou dix jours de mauvais temps[2], pour être ensuite comme s’il avoit été lavé[3] sept fois dans le Jourdain : je vous manderai la suite de toute cette belle aventure. Je vous envoie[4] la lettre de Mme  de la Fayette ; vous y verrez [ce] qu’elle dit du scandale de cette maladie. M. de la Rochefoucauld, qui écrivoit les choses extraordinaires, n’auroit pas oublié celle-là. C’est mon fils qui dit son malheur à Paris à Mme  de la Fayette, et à dix

  1. Lettre 860 (revue en grande partie sur une ancienne copie). 1. — Notre manuscrit commence aux mots : « votre petit frère ". Ce qui suit ces mots est ainsi dans l’impression de 1754, la seule qui donne cette lettre : « Il n’est pas bien, il va beaucoup souffrir ; mais, comme il a le courage et la force de vouloir être guéri, et qu’il n’y a aucun péril, je vous prie, ma belle, de n’être point en peine, etc. » Dans notre manuscrit il y a plusieurs mots sautés, de façon que la phrase se termine ainsi : « Ne soyez point à causer et à lire. »
  2. 2. « Huit ou dix jours de mauvais temps. » (Édition de 1754.)
  3. 3. Dans notre manuscrit, par une faute de copiste : « levé."
  4. 4. Cette phrase ne se lit que dans notre manuscrit.