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Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/124

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1680 horreur qui vous met à une ligne de la mort. Pourquoi vous piquez-vous, ma fille, d’être plus intrépide que le chevalier ? Est-il besoin de joindre cette sorte de mérite avec les autres qualités plus convenables que vous avez ? J’admire[1] bien ceux qui vous y laissent aller : c’est laisser une épée entre les mains d’un furieux, que de laisser un précipice à votre hardiesse. L’Épine se joignoit au chevalier pour me conter cette effroyable histoire ; ce que Dieu garde est bien gardé : voilà tout ce que j’ai à dire. La gaieté et les chansons du petit Coulanges sont d’une grande utilité dans de telles visites. Mme de Coulanges m’écrit des douceurs extrêmes, et pour vous, et pour moi. Mmes de la Fayette donc, de Lavardin, d’Uxelles, de Bagnols, ont causé des nouvelles du monde. Mlle Amelot[2] fut mariée dimanche, sans que personne l’ait su, avec un M. de Vaubecourt, tout battant neuf, homme de qualité peu riche, dont la mère est de Châlons. Tout a été bon plutôt que de nous ennuyer encore cet hiver de sa langueur passionnée. Adieu, mon enfant : nous sommes occupés de vous bien recevoir. Voici[3] encore une occasion où l’éloignement nous va faire

  1. 14. Cette phrase et la suivante manquent dans le texte de 1754.
  2. 15. Catherine Amelot de Gournay, fille de Jean Amelot, seigneur de Gournay et de Neuvy, et de Marie Lyonne, et sœur d’Amelot l’ambassadeur. Née en 1656, elle épousa, le 28 octobre 1680, Louis-Claude de Nettancourt de Haussonville, comte de Vaubecourt, lieutenant général des armées du Roi, fils du second lit de Nicolas comte de Vaubecourt et de Claire Guillaume, fille d’un vidame de Châlons. Le comte de Vaubecourt était « un homme fort court, mais brave, fort appliqué et très-honnête homme. » (Saint-Simon, tome V, p. 18.) Il fut tué en 1705 à l’armée de Piémont, qu’il commandait en l’absence de Vendôme. Sa femme lui survécut jusqu’en 1710 et mourut sans enfants. Elle étoit encore belle, dit Saint-Simon (tome VIII, p. 118) ; elle avoit fait du bruit et étoit encore fort du grand monde, mais jamais de la cour. »
  3. 16. Cette phrase ne se lit que dans le texte de 1754.