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1681

873. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Huit jours après que j’eus écrit cette lettre, je reçus celle-ci de Mme de Sévigné.
À Paris, ce 12e janvier 1681.

Je trouve plaisant que nous nous soyons réveillés en même temps[1] chacun de notre côté. Je crois que c’est le même jour et que nos lettres se sont croisées. Cela arrive assez souvent. Mais, mon cousin, vous m’avez mandé[2] une chose étrange : je n’eusse jamais deviné le tiers qui est entre nous[3]. Pensez-vous que l’on puisse estimer les lettres que vous avez mises dans ce que vous avez envoyé ? Toute mon espérance, c’est que vous les aurez raccommodées[4] Croyez-vous aussi que mon style, qui est toujours tout plein d’amitié, ne se puisse pas mal interpréter ? Je n’ai jamais vu de ces sortes de lettres, entre les mains d’un tiers, qu’on ne pût tourner sur un méchant ton ; et ce seroit faire une grande injustice à la vérité[5] et à l’innocence de notre ancienne amitié.

Je serois ravie de voir tout cela ; mais le moyen ? Je suis assurée (quoi que je dise[6]) que vous n’avez rien fait que de bien, et c’en est un fort grand de pouvoir divertir un tel homme, et d’être en commerce avec lui. Pour moi, je crois

  1. Lettre 873. — 1. Les mots en même temps sont omis dans le manuscrit de la Bibliothèque Impériale.
  2. 2. « J’ai remarqué que cela arrive souvent. Mais, mon cousin, vous me mandez, etc » (Manuscrit de la Bibluithèque, impériale)).
  3. 3. Le Roi. Voyez ci-dessus la lettre de Bussy du 28 décembre 1680, p. 131 et 132.
  4. 4. « C’est que vous les avez raccommodées. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.) — Dans ce même manuscrit, deux lignes plus loin : « Je n’ai jamais vu de lettres, etc.
  5. 5. « À la naïveté. » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  6. 6. « Quoi que je die. » (Ibidem).