1681
888. — DE CORBINELLI ET DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.
J’apprends, Monsieur, que vous avez été incommodé et en même temps que vous ne l’êtes plus ; ainsi je n’ai pas eu le loisir d’être affligé. Vous n’êtes guère accoutumé aux maladies, ni par conséquent au plaisir de recouvrer la santé ; ce sont des états nouveaux pour vous, qui vous apprennent les changements les plus importants de la vie.
Je me réjouis de la résolution de Mme de Coligny[2] de mourir plutôt que d’achever l’affaire qu’elle avoit commencée[3]. Je la trouve si en colère par ce que j’ai vu d’elle depuis peu, que j’ai peur qu’elle ne succombe à la tentation d’écrire la rage où elle est à ce coquin ; j’en approuve le motif, mais non pas l’exécution ; j’aime sa gloire, et je la trouverois blessée de mander à ce misérable qu’elle le méprise ; le silence en ces rencontres est, à mon gré, plus offensant que le discours.
C’est qu’on aime à dire ce qu’on pense, c’est pour se soulager qu’on écrit, et si cela contribue au repos de l’âme, je le conseille, et je suis en cette rencontre contre