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1682

893. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ AU PRÉSIDENT DE MOULCEAU[1].

À Paris, 17e avril.

Si vous êtes alarmé de l’apparence de mon oubli, croyez, Monsieur, que c’est une fausse alarme, et que les apparences sont trompeuses ; vous ne vous laissez point oublier : Rochecourbières, Livry, et tous les jours qu’on vous a vu, sont de fidèles garants de ce que je vous dis, et je suis assurée que vous le croyez, et qu’étant si éclairé sur toutes choses, l’humilité chrétienne ne vous empêche pas de connoître ce que vous valez. Voilà donc une vérité, on ne peut point vous oublier ; nous avons dit cent fois, notre ami et moi : « Mais écrivons donc à ce pauvre scélérat. » Et en remettant toujours on se trouve embarrassé dans ces misérables apparences[2]. Il me paroit que Montpellier en a beaucoup donné au jubilé[3]. Vous connoissez Corbinelli sur l’horreur qu’il a de ces sortes de dehors qu’il appelle des trahisons : je ne sais point précisément comme il a fait en cette occasion, je n’ai osé le questionner ; mais il y a longtemps que considérant l’extrême respect qu’il a pour ce saint mystère, et avec quelle rigueur il en conçoit les préparations, dont il ne veut rien rabattre, je suis tentée de lui dire basta la metà[4] ; car en effet, si tous les fidèles suivoient ses idées là-dessus,

  1. 1. Lettre 893. — 1. Voyez plus haut, p. 171, note 1.
  2. 2. On lit ses misérables assurances dans l’édition de 1773, la première qui ait donné cette lettre. Cette faute grossière a été corrigée d’après la vérification que M. Revertat de Marsac a bien voulu faire sur les originaux qu’il possède. (Note de l’édition de 1818.)
  3. 3. La bulle du jubilé fut publiée à Paris, au commencement de mars 1682. Il s’ouvrit le 18 mars et se termina. le 31 du même mois. Voyez la Gazettede 1682 (14 mars), p. 166. (Note de l’édition de 1818.)
  4. 4. « La moitié suffit." Voyez tome VI, p. 373.