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de corbinelli.

Je me réjouis que votre santé soit revenue à sa perfection, Monsieur ; continuez d’en avoir soin. Le conseil d’Espagne a résolu de nous déclarer la guerre, à ce que la reine d’Espagne a mandé à Monsieur[1]. On raisonne à outrance sur cette fierté fanfaronne d’une nation que nous avons insultée tant de fois impunément, qui le peut être encore de même, après que le prince d’Orange a été renvoyé des états, à qui il demandoit des commissions pour seize mille hommes. Les politiques disent que c’est un coup de désespoir aux Espagnols[2], qui n’est pas sans habileté, et qu’ils ne veulent pas être chargés de la garde du reste de la Flandre, qui ne leur est d’aucune utilité, et ne leur sert qu’à leur attirer des affaires ; qu’ainsi les Hollandois et les Flamands entreront dans la guerre, et défendront les intérêts communs, auquel cas ils auront bien fait d’engager la guerre ; ou ils refuseront d’y entrer, et l’Espagne sera bien aise de leur donner un maître, et d’être déchargée de la garde des provinces, qui n’ont plus que la peau et les os. Voilà comme on raisonne ici sur cette audace inespérée.

  1. 4. Cette déclaration de guerre remontait, selon M. Henri Martin (tome XIV, p. 17), au 28 octobre
  2. 5. Les mots aux Espagnols manquent dans le manuscrit de la Bibliothèque impériale, où, trois lignes plus loin, affaires est remplacé par affronts. Immédiatement après ce mot, on lit dans ce manuscrit : " qu’ainsi ou les Hollandois, etc. »