Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/253

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1683 temps sans vous écrire. Je suis dans le mouvement d’un commerce fort vif avec le mien, qui est en Bretagne, et sur le point d’épouser une fille de bonne maison [1], dont le père est conseiller au parlement, et riche de plus de soixante mille livres de rente. Il donne deux cent mille francs à sa fille : c’est un grand mariage en ce temps-ci. Il y a eu beaucoup de choses à ajuster avant que d’en venir à signer les articles, comme nous avons fait il y a quatre jours. Je vous souhaite, mon cher cousin, le même embarras, et je vous promets en ce cas de recevoir vos excuses de ne m’avoir point écrit depuis longtemps, comme je vous conjure de recevoir les miennes. On m’a dit que Mme  de Bussy étoit encore à Paris ; cependant j’avois ouï dire qu’elle vous alloit trouver[2]. Adieu, mon cousin ; adieu, ma nièce : je vous laisse tous deux avec notre cher Corbinelli, après vous avoir embrassés de tout mon cœur. Ma fille me prie de vous en dire autant pour elle.

    vassaux qui s’étoient mis sous les armes, au nombre de plus de mille. Cette troupe alla les recevoir, conduite par M. Vaillant, le sénéchal, qui leur fit un compliment très-spirituel. Ils étoient accompagnés de M. le marquis du Châtelet, qui étoit allé une lieue au-devant d’eux, à la tête de plusieurs gentilshommes et bourgeois de Vitré, très-bien montés et précédés d’un trompette. Quantité de dames y allèrent aussi en carrosse, et après qu’elles eurent rencontré Mme  la marquise de Sévigné, qui étoit accompagnée de plusieurs autres carrosses remplis de personnes de qualité, comme de Mauron, de Brehant, de Chanbellay, de Tisay, de la Roche, etc., M. le marquis de Sévigné monta à cheval pour se joindre avec la compagnie de cavalerie, qui salua la nouvelle mariée, l’épée à la main. Ensuite tous les cavaliers se mirent à la tête des carrosses, qu’ils accompagnèrent en bon ordre jusqu’à Vitré, et passant de là par le parc de Mme  la princesse de Tarente, ils allèrent jusqu’au château des Rochers, où ils furent régalés d’une magnifique collation. »

  1. 2. « Une demoiselle de bonne maison, » (Manuscrit de la Bibliothèque impériale.)
  2. 3. « On m’a dit que Mme  de Bussy est à Paris ; j’avois pourtant ouï dire qu’elle s’en alloit en Bourgogne avec vous. » (Ibidem.)