Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/308

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dirai : « Est-ce que je parle à toi[1] ? » Quand ce ne seroit que pour moi, conservez-vous : je n’ai point la force de soutenir votre absence et votre mauvaise santé. Je suis assurée que vous n’aurez plus de bonnes joues à me présenter ; rien ne change tant que ces sortes de maux douloureux et deux bonnes saignées : je ne puis vous parler d’autre chose. J’ai bien envie de savoir de vos nouvelles ; mais si Monsieur le chevalier n’est votre secrétaire d’ici à quelque temps, je ne vous écrirai plus. Mon fils revient aujourd’hui de Rennes. En son absence, j’ai causé avec sa femme ; je l’ai trouvée toute pleine de raison, entrant dans toutes nos affaires du temps passé, comme une personne, et mieux que toute la Bretagne ; c’est beaucoup que de n’avoir pas l’esprit fichu, ni de travers, et de voir les choses comme elles sont. Je vous obéis mal, quand vous voulez que je sois toujours exposée ; j’ai besoin d’être de certaines heures avec vous ; et cette liberté, quoique triste, m’est agréable. Il est vrai que quoi que je fasse, les jours ont ici toute leur étendue, et quelque chose encore au delà. Pour le mois de septembre, il me semble qu’il a duré six mois, et je ne comprends point qu’il n’y ait que quinze jours que je suis ici.


  1. 2. Voyez tome VI, p. 103, note 12, et p. 442.