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1684

940. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN.

Aux Rochers, dimanche 5e novembre.
Réponse au 31 octobre[1]

Non, ma chère bonne, je vous promets[2] de ne me point effrayer de vos maux ; je vous conjure de me les dire toujours comme ils sont. Vous voilà donc obligée à vous guérir de vos remèdes ; cette troisième saignée fut bien cruelle, ensuite de la seconde[3], qui l’étoit déjà, et vos médecines mal composées car nos capucins sont ennemis du polychreste[4] : vous avez été bien mal menée, ma pauvre bonne[5], de toutes les façons : je croyois que ce fût Alliot[6] mais il y a presse à s’en vanter, car M. de Coulanges me mande de Chaulnes, où M. Ceron est allé en poste pour Mme de Chaulnes, qui étoit très-mal, que c’étoit lui qui avoit eu l’honneur de vous traiter, qu’il vous avoit fait saigner trois fois, et que votre mal étoit fort pressant et fort violent : c’est à vous à me dire la vérité de tout cela, car je n’y connois plus rien. Vous m’avez fait passer votre mal de gorge pour une chose sans péril, et vos saignées faites après coup fort mal à {{tiret|propos. Enfin, ma bonne, quoi qu’il en soit, consolez--

  1. Lettre 940 (revue sur l’autographe). — 1. Ceci est écrit ainsi dans l’original : rep. au 31 oc.
  2. 2. « Oui, ma fille, je vous promets, etc. » (Édition de 1754)
  3. 3. « Si près de la seconde. » (Ibidem.)
  4. 4. Voyez plus haut, p. 108, note 2.
  5. 5. Les mots ma pauvre bonne ne sont pas dans le texte de 1754.
  6. 6. Pierre Alliot, médecin ordinaire du Roi. (Note de l’édition de 1818.) — Mme de Sévigné le consulta pour elle-même. Voyez la lettre du 27 septembre 1687. — À la même ligne, le texte de 1754 donne et, au lieu de car ; et trois lignes plus loin : c’étoit Céron, au lieu de c’étoit lui. — Ceron ou Seron était le médecin de Louvois ; il eut aussi le titre de médecin suivant la cour.