Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/326

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1684 pour M. de Grignan, je n’ai point entendu qu’elle voulût avoir égard à l’excessive dépense que M. de Grignan a faite en dernier lieu ; mais cette réponse du Roi m’a paru comme s’il vous avoit dit : « Madame, cette gratification que vous demandez est peu de chose ; je veux faire quelque chose de plus pour Grignan ; » et j’ai entendu cela tout droit comme une manière d’assurance de votre survivance[1], qu’il sait bien qui est une affaire capitale pour votre maison. Je n’ai donc plus pensé au petit présent, et je vous ai mandé ce que vous aurez vu dans ma dernière lettre. C’est à vous, ma très-chère, à me redresser, et je vous en prie ; car je n’aime point à penser de travers sur votre sujet.

Mme  de la Fayette m’a mandé que vous étiez belle comme un ange à Versailles, que vous avez parlé au Roi, et qu’on croit que vous demandez une pension pour votre mari. Je lui répondrai négligemment que je crois que c’est pour supplier Sa Majesté de considérer les dépenses infinies que M.de Grignan a été obligé de faire sur cette côte de Provence, et voilà tout[2].

Vous me contez trop plaisamment l’histoire de M. de Villequier[3] et de sa belle-mère ; elle ne doit pas être

  1. 2. De la charge de lieutenant général au gouvernement de Provence.
  2. 3. Les Génois et les Espagnols avaient menacé de faire une descente sur les côtes de Provence. Le comte de Grignan réunit en très-peu de temps la noblesse et la milice, et mit tout le pays à couvert ; il traita pendant un mois entier toute la noblesse réunie à Antibes. Le Roi, en considération de la grande dépense qu’il avait été obligé de faire, lui accorda une gratification de douze mille francs, et Mme  de Grignan vint en faire ses remerciements au Roi le 1er décembre 1684. Voyez le Journal de Dangeau, à cette dernière date. (Note de l’édition de 1818.)
  3. 4. Louis, marquis de Villequier, duc d’Aumont à la mort de son père en 1704, ambassadeur extraordinaire en Angleterre, gouverneur du pays Boulonnais, était né le 19 juillet 1667, et mourut le 6 avril 1723. Sa mère, la première femme du duc d’Aumont, était sœur de