Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/371

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1685 rie, je marche tout comme un autre[1]. Ne me plaignez plus, ma chère bonne ; il faudroit mourir si j’étois prisonnière par ce temps-là. Je mande à mon fils que je n’ai que faire de lui, que je me promène, et qu’avec cela je l’envoie promener. Ils sont dans les plaisirs de Rennes, d’où ils ne reviendront que la veille du dimanche gras[2] : j’en suis ravie, je n’ai que trop de monde. La princesse vient jouir de mon soleil ; elle a donné d’une thériaque céleste au bon abbé, qui l’a tiré d’un mal de tête[3] et d’une foiblesse qui me faisoit[4] grand’peur. Dites à ce bien Bon combien vous êtes ravie de sa santé. La princesse est le meilleur médecin du monde ; tout de bon, les capucins admiroient sa boutique : elle guérit une infinité de gens ; elle a des compositions rares et précieuses, dont elle nous a donné trois prises qui ont fait un effet prodigieux[5]. Ce bien Bon voudroit vous faire les honneurs de Livry ; si c’est le carême, ma bonne, vous y ferez une mauvaise chère ; songerez-vous à l’entreprendre avec votre côté douloureux ? On ne me parle cependant[6] que de votre beauté : Mme de Vins m’assure que c’est

  1. 10. Voyez ci-dessus, p. 357, note 1
  2. 11. Le dimanche gras tombait cette année au 4 mars.
  3. 12. « Qui a été guéri par là d’un mal de tête, etc. » (Édition de 1754.) — La phrase suivante manque dans cette même édition.
  4. 13. Le verbe est au singulier dans l’autographe et dans l’édition de 1754.
  5. 14. « Les capucins admiroient sa boutique ; elle a des compositions rares et précieuses et a guéri une infinité de gens. » (Édition de 1754.)
  6. 15. « Si c’est pendant le carême, vous y ferez une mauvaise chère ; mais songerez-vous à faire maigre avec votre côté douloureux ? Je trouve déjà qu’il faut que votre mal soit de bonne composition pour souffrir tous vos voyages de Versailles, et pour le maigre je pense qu’il vous est mortel, et que ce mal intérieur doit être excessivement ménagé. On ne m’entretient cependant, etc. » (Ibidem.) — La phrase « Je trouve déjà, etc., » se lit, dans l’autographe, vers la fin de la lettre. Perrin l’a déplacée en la modifiant.