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1685

964. — DE MADAME DE SÉVIGNÉ À MADAME DE GRIGNAN ET AU CHEVALIER DE GRIGNAN[1].

[Aux Rochers, ] mercredi 13e juin.
Réponse au 9.

à madame de grignan.

Per tornar dunque al nostro proposito[2], je vous dirai, ma bonne, que vous me traitez mal de croire que je puisse avoir regret au port du livre du carrousel[3] jamais un paquet ne fut reçu et payé plus agréablement : nous en avons fait nos délices depuis que nous l’avons ; je suis assurée qu’à Paris je ne l’aurois lu qu’en courant et superficiellement ; je me souviens de ce pays-là, tout y est pressé, poussé ; une pensée, une affaire, une occupation pousse ce qui est devant elle ce sont des vagues, la

  1. Lettre 964 (revue sur l’autographe). — 1. Cette lettre avait déjà été revue sur l’autographe pour l’édition de 1818. Une collation nouvelle a fourni un nombre assez considérable de rectifications.
  2. 2. Pour en revenir donc à notre propos. Dans l’édition de 1754, la lettre commence seulement à : « Vous me traitez mal. »
  3. 3. « Le 4 et le 5, on fit ici un magnifique carrousel, dont le sujet était tiré de l’histoire des guerres civiles de Grenade. Il y avait huit quadrilles, dont la première étoit commandée par Monseigneur le Dauphin, et la seconde par le duc de Bourbon. Elles firent le tour du camp et défilèrent en bel ordre au bruit des trompettes et des tymbales, devant l’amphithéâtre où étoient le Roi, Madame la Dauphine et Monsieur. Il y eut vingt et une courses de têtes avec la lance, le dard et l’épée. Le prince Camille de Lorraine, troisième fils du comte d’Armagnac grand écuyer de France, emporta le prix de la première journée ; et le marquis de Plumartin emporta le prix de la seconde journée. » (Gazette du 9 juin.) — Dangeau a donné la description de ce carrousel dans son Journal (au 4 Juin). — Il existe deux relations de ce carrousel, intitulées, l’une : La brillante journée ou le Carrousel des galans Maures, entrepris par Monseigneur le Dauphin ; l’autre : Seconde relation du Carrousel des galans Maures. Elles ont paru toutes deux en 1688, chez la veuve Blageart, in-4o, et c’est l’une d’elles sans aucun doute que Mme de Grignan avait envoyée à sa mère.