Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/425

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1685 la Duchesse : j’en suis en vérité fort aise. Je vous conjure de lui faire tomber mes compliments à propos ; ne l’oubliez point. Il me sembloit bien qu’elle n’étoit point entrée dans le carrosse de la Reine : les règles anciennes qui donnoient ce droit aux filles sont abolies ; nous avons changé tout cela, comme le cœur à gauche[1]. Enfin, la voilà bien placée : son mari a-t-il quelque place dans cet hôtel de Condé ? Mon fils m’a conté des merveilles de Monsieur d’Angers[2] ; il a quatre-vingt-huit ans : il porta le saint sacrement sur ses épaules le jour de la fête[3] ; la procession est d’un grand quart de lieu ; il chanta tout de suite la grand’messe, et ne mangea qu’à quatre heures. Tout le monde étoit en admiration du miracle visible qui le soutient,

Forza non ha, ma l’animo non manca[4]

Contez cela à M. de Pompone : tous les ans c’est un nouveau prodige.

    chambre de Monsieur le Prince à Chantilly : il y avoit longtemps qu’on croyoit que cet emploi lui étoit destiné. » Dangeau, en annonçant la mort de Mme  de Moreuil à Paris, le 17 juin 1700, ajoute quelques détails : « Mme  de Moreuil… avoit été fille d’honneur de feu Madame (et auparavant de la Reine : voyez notre tome III, p. 293) ; elle s’appeloit (Hélène Fourré de) Dampierre ; et étoit sœur de la maréchale Foucault (voyez la lettre du 19 novembre 1688). Son mari, qui est premier de la chambre de Monsieur le Duc, est tombé en apoplexie depuis quelque temps ; ils n’ont pour enfants qu’une fille mariée à M. de Chemerault. » — D’après la Chênaye, Alphonse de Moreuil, dit le comte de Moreuil, seigneur de Liomer, etc., était arrière-petit-fils d’un fils légitimé de Jean de Soissons, sire de Moreuil, prince de Poix. — On voit par le Journal de Dangeau (tome I, p. 359 et 379) que Mme  de Moreuil entrait en 1686 dans les carrosses du Roi.

  1. 7. Voyez Le Médecin malgré lui, acte II, scène VI
  2. 8. Henri Arnauld.
  3. 9. Le 21 juin, jour de la Fête-Dieu en 1685. (Note de Perrin.)
  4. 10. « Il n’a point de force, mais le courage ne (lui) manque pas. »