Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/434

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1679 gnac[1] arrivé. Pour moi, je jette de loin ces paroles en l’air ; puisque Mlle  de Grignan balance, Mlle  d’Alerac peut-elle balancer ? Je passe ensuite à rejeter tout le mal que vous me dites de votre esprit et de votre corps : ni l’un ni l’autre ne sauroient être épais comme vous les représentez ; je les ai vus trop subtils, trop diaphanes, pour pouvoir jamais être fâchée de les voir dans le train commun des esprits et des corps ; mais que dis-je commun ? Ô plume étourdie et téméraire ! c’est vous qu’il faudroit écraser, plutôt que celle que le Coadjuteur outragea si injustement à Livry. Jamais le mot de commun ne sera fait pour vous ; rien de commun, ni dans l’âme ni dans le corps : je reprends donc ce mot pour l’employer à tout le reste du monde qui n’en mérite point d’autre ; je fais pourtant des exceptions, mais guère.

J’avoue ma foiblesse ; j’ai lu avec plaisir l’histoire de notre vieille chevalerie : si Bussy avoit un peu moins parlé de lui et de son héroïne de fille[2], le reste étant vrai, on peut le trouver assez bon pour être jeté dans un fond de cabinet, sans en être plus glorieuse. Il vous traite fort bien ; il me veut trop dédommager par des louanges que je ne crois pas mériter, non plus que ses blâmes[3]. Il passe gaillardement sur mon fils, et le laisse inhumainement guidon dans la postérité ; il pouvoit dire plus de bien de sa femme, qui est d’un des bons noms de la province ; mais, en vérité, mon fils l’a si

  1. 6. Louis-Armand, vicomte de Polignac, père du prétendu de Mlle  d’Alerac ; il mourut en 1692. — La petite édition de 1754 porte : « le bonhomme de Polignac. »
  2. 7. Mme  de Coligny.
  3. 8. Le comte de Bussy n’ayant pu mordre, dans son Histoire amoureuse des Gaules, à la réputation de Mme  de Sévigné sa cousine, il la chargea de quelques ridicules ou défauts qu’elle n’avoit assurément point. (Note de Perrin.)