Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/435

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1685 peu ménagé, et l’a toujours traité si incivilement, que lui ayant rendu justice sur sa maison, il pouvoit bien se dispenser du reste : vous en avez mieux usé, et il vous le rend.

Mme  de la Fayette m’a envoyé une relation de la fête de Sceaux[1], qui nous a fort divertis. Qu’elle étoit jolie ! qu’il y a d’esprit et d’invention dans ce siècle ! que tout est nouveau, galant, diversifié ! je ne crois pas qu’on puisse aller plus loin. La querelle de Mmes d’Heudicourt[2]et de Poitiers[3]est plaisante : ah ! que cette der-

  1. 9. Le marquis de Seignelay donna cette fête au Roi, le 16 juillet 1685. « Ce fut, dit Dangeau (tome I, p. 198), du consentement de tous les courtisans, la plus belle fête qu’on ait jamais donnée au Roi. » C’est dans cette fête que fut chantée l’idylle sur la Paix, de Racine. — « Le 16 de ce mois, dit la Gazette du 21 juillet, le Roi, accompagné de Monseigneur le Dauphin, de Madame la Dauphine, de Monsieur et de Madame, alla à Sceaux. Sa Majesté y eut d’abord le divertissement d’un opéra, dont les vers ont été faits par le sieur Racine, trésorier de France, de l’Académie françoise. Le marquis de Seignelay, secrétaire d’État, traita ensuite le Roi et toute la cour avec une magnificence extraordinaire. »
  2. 10. Mme  d’Heudicourt était devenue très-laide pendant son exil ; Mme  de Sévigné disait, en parlant d’elle, dans la lettre du 16 octobre 1676 (tome V, p. 108) : « Quand on n’achète point un visage neuf, les atours ne font pas un bon effet. » Elle était si changée que Mme  de Caylus dit dans ses Souvenirs (tome LXVI, p. 445), « qu’on ne pouvoit pas imaginer qu’elle eût été belle." Neuf ans s’étaient écoulés depuis cette époque. Mme  de Maintenon parle aussi de cette anecdote dans une lettre à son frère : « Je ne veux pas que Mademoiselle de Poitiers me puisse dire ce qu’elle dit à Sceaux à Mme  d’Heudicourt, qu’elle appela beau visage de fête. » (Note de l’édition de 1818.)
  3. 11. Marie-Josèphe de Poitiers, fille de Ferdinand-François de Rye, comte de Poitiers, et de sa seconde femme Françoise fille d’Arnoul-Saladin d’Anglures, marquis de Coublans. Elle était fille d’honneur de la Dauphine, et fut renvoyée le 15 avril 1686, d’après le Journal de Dangeau, où on lit aussi à la date du jeudi 17 janvier 1686 : « Mlle  de Poitiers se trouva assez mal ; M. Félix, premier chirurgien du Roi, et M. Moreau, premier médecin de Madame la Dauphine, y allèrent ; le public, qui cherche toujours à dire du mal, répandit un