1686 suis persuadée que vous vous en trouverez assez bien pour vous obliger à faire un plus long bail. Quoi qu’il en soit, rendez-moi service en cette occasion. La Jarie me doit encore treize cents francs, qu’il devroit avoir donnés, il y a neuf mois, à M. d’Harouys[1]. Ce manque de parole m’a outrée contre lui. De plus il me devra à la Toussaint prochaine quatre mille francs de l’année courante. Il faut prendre garde qu’il ne détourne rien de ses meubles ni de ses bestiaux ; c’est Pasgerant, son gendre, qui est sa caution, et qui n’est pas plus content que moi de la Jarie.
Mais il y a une ancienne dette de ses termes passés[2], dont je vous envoie le procompte[3] ; cela ne va pas à moins de dix mille francs, que je ne veux point perdre ; et il faudra, quand vous le jugerez à propos, faire saisir tous ses biens et ses héritages, pour empêcher que d’autres gens à qui il doit ne soient plus alertes que moi. Je vous mets toute cette affaire entre les mains, et vous m’en rendrez compte. Vous agirez avec adresse, et comme vous êtes dans le pays, vous prendrez votre temps avec prudence, et pour le plus sûr suivant mes intérêts ; car je prétends que désormais vous en prendrez un peu de soin, et que vous commencerez un commerce avec moi. Mon fils ira dans quelque temps à Nantes ; vous irez le saluer et voir avec lui ce qu’il faudra faire pour mes intérêts ; car il souhaite autant que moi que je ne perde rien
- ↑ 2. L’autographe, qui, dix lignes plus loin, donne francs en toutes lettres, porte ici et trois lignes plus bas le signe ? ; mais le participe est au masculin : donnés.
- ↑ 3. Mme de Sévigné devait cinquante mille livres à d’Harouys. Voyez plus haut, p. 258, note 12.
- ↑ 4. Le compte provisoire que Mme de Sévigné avait fait à Nantes avec son fermier, au mois de mai 1680. (Note de l’édition de 1820.) Voyez la lettre du 4 janvier 1687, où la leçon de l’autographe est, comme ici, procompte, et non précompte.
