Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/55

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1680 nos affaires avec celui que Mme  d’Acigné nommera de son côté : si nous réussissons, nous n’aurons pas perdu notre voyage. Cet ami est le fils de M. Charrier de Lyon, que nous connoissons ; il a une abbaye en basse Bretagne[1] ; et voilà comme les choses se trouvent par hasard dans une visite, lorsqu’on y pense le moins.

Seroit-il bien possible que M. de Vendôme ne vînt point encore cette année ? Le bien qui vous en reviendroit est si peu comparable à la dépense que vous faites, dès que vous repassez la Durance, que je pense qu’il vaudroit autant que cela fût fini : j’espère que la Providence tournera votre destinée d’une autre manière[2] . Vous avez fort bien répondu à M. de Coulanges ; c’est un plaisant homme de vouloir tant regarder dans l’avenir des autres, après avoir si peu vu dans le sien. J’ai envie que vous l’ayez ; il vous réjouira le cœur, quoique souvent le sien soit affligé[3]. Brancas s’en va à Lyon voir Mme  de Coulanges ; il s’est imaginé qu’il avoit affaire à Avignon ; il vous verra. Il est mon idée sur la perfection de l’amour ; je n’en ai jamais vu de meilleur, et d’autant plus qu’il n’est combattu d’aucun scrupule ; car enfin Brancas a mis Dieu de cette confidence, et veut avoir tous les samedis de quoi l’entretenir : il reçoit tous les dimanches la bénédiction, avec foi, espérance et charité, pour Mme  de Coulanges.

    Bretagne, dont la comtesse d’Acigné étoit la dernière, par elle et par son mari » (Saint-Simon, tome XII, p. 51), était alliée aux Cossé-Brissac, une Judith, dame d’Acigné, ayant épousé Charles II, duc et maréchal de Cossé-Brissac. — Mme  d’Acigné donna en payement à Mme  de Sévigné des terres qui se louaient quatre mille livres par an, mais que Charles de Sévigné n’estime guère que soixante mille livres dans sa lettre à sa sœur du 27 septembre 1696.

  1. 6. Voyez la note 4 de la lettre du 28 août précédent, p. 40.
  2. 7. Ce membre de phrase ne se trouve pas dans le texte de 1737.
  3. 8. Ces derniers mots : « quoique souvent, etc., » manquent également dans l’édition de 1737.