Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 7.djvu/96

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1680 nous soyons dans une solitude en comparaison, nous ne laissons pas d’avoir fort souvent trois tables de jeu, un trictrac, un hombre, un reversis. Nous avons présentement Mme  de Marbeuf, qui est bonne à tout : elle est commode et complaisante. La princesse[1] éclaire ces bois comme la nymphe Galatée ; elle est en deuil de son beau-frère l’électeur palatin ; il faudroit que toute l’Europe se portât fort bien, pour n’être pas souvent sujette à perdre de ses parents[2]. Nous avons des gens de Vitré que vous ne connoissez non plus que la solitaire[3] ; enfin je ne sais comme tout cela va, mais je sais bien que je n’en souhaite pas davantage[4], et que je voudrois avoir plus de temps pour lire et pour me promener. La solitaire est justement où vous dites ; mais elle est si droite et si bien plantée qu’elle vous surprendroit. Il est temps cependant que je prenne d’autres pensées. Quand je songe qu’au bout de mon voyage je vous retrouverai, cela me paroît si heureux, que j’ai peur qu’il n’arrive quelque dérangement. La fièvre du chevalier n’a-t-elle pas été la plus désobligeante du monde ? J’ai senti le chagrin que vous en auriez. Il m’écrit qu’il sera bientôt en état de partir, et qu’il a été guéri, et Monsieur

  1. 2. De Tarente. Sur l’électeur palatin son beau-frère, voyez plus haut, p. 76, note 1. Les mots « éclaire ces bois » rappellent un passage des Deux pigeons de la Fontaine (livre IX, fable II :

    …les bois… les lieux
    Honorés par les pas, éclairés par les yeux
    De l’aimable et jeune bergère.

  2. 3. « Pour qu’elle ne fût pas sujette à perdre de ses parents. » (Édition de 1754.)
  3. 4. Nom d’une nouvelle allée du parc des Rochers. Voyez la lettre du 8 septembre précédent, p. 63.
  4. 5. Le texte de 1737 s’arrête au mot davantage, et ne reprend qu’à l’alinéa suivant.