Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/215

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écris dans sa chambre, il veut envoyer son paquet. Adieu donc; ma chère Comtesse : je ne m’accoutume point à votre absence, et je vous aime toujours[1] à ce degré où je ne crois point que personne puisse atteindre.

1073. DE MADAME DE SÊVIGNÉ

A MADAME DE GRIGNAN.

A Paris, lundi 18e octobre.

Nous avons reçu vos lettres de Chalon, ma chère fille, le lendemain des plaintes que nous avions faites d’avoir été huit jours entiers sans en recevoir : ce temps est long, et le cœur souffre dans cette ignorance ; c’est ce qui fait que nous sentns vos peines dans l’éloignement des nouvelles de Philisbourg. Jusqu’ici votre enfant se porte fort bien il y fait des merveilles ; il voit et entend les coups de canon autour de lui (Edition de 1737) sans émotion ; il a monté la tranchée ; il rend compte du siège à son oncle comme un vieux officier[2] ; il est aimé de tout le monde ; il a souvent l’honneur de manger avec Monseigneur qui lui parle et lui fait donner le bougeoir [3]. M. de Beauvilliers [4] en fait .

  1. 6« Adieu donc, ma chère Comtesse je vous aime toujours, etc. » (Édition de 1737,)
  2. LETTRE 1073. 1. Comme un vieil officier
  3. 2. « Bougeoir se dit aussi particulièrement de ce petit chandelier d’or qu’un valet de chambre porte au coucher du Roi (et, comme l’on voit ici, du Dauphin), et que le Roi, lorsqu’il se déshabille, fait donner par distinction à quelqu’un des courtisans. » (Dictionnaire de Trévoux.) Voyez sur l’étiquette du bougeoir les Conséquences du système de cour établi sous François 1er, par M. Rœderer. Paris, 1833, p. 155.
  4. 3. Nous voyons dans la Relation de la Gazette (p. 588) que le due de Beauvilliers était auprès du Dauphin au moment où ce prince courut le danger dont il est parlé ci-dessus, p. 308, note 3.