Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/252

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Monsieur le chevalier m’est venu voir [1]: il s’en retourna avec cette douleur qui trotte justement sur le pied ; c’est un grand chagrin pour lui, et un grand malheur pour vous : à quoi ne vous seroit-il pas bon à Versailles, et pour votre fils, et pour vos affaires ? Il ne faut .point s’arrêter sur cet endroit : Dieu le veut ; sans cette pensée, que feroit-on ? Mlle de Méri voulut venir ici me garder[2] ; il lui prit une vapeur si terrible, qu’elle fut contrainte de s’enfuir : voilà comment notre pauvre hôtel est quelquefois un hôpital. L’abbé Bigorre est en vérité la consolation de tous les appartements : j’ai voulu vous dire tout ceci, en attendant vos lettres..

Le même jour, à cinq heures du soir.

Il fait un temps épouvantable. Vos lettres ne sont pas venues. Je suis dans la chambre de Monsieur le chevalier[3]: je le garde, moi indigne : il est au lit ; il vous écrira pourtant, car son mal est au genou ; il croit à tout moment en être quitte. Nous causions tantôt de votre fils ; nous l’attendrons ici. Il ne lui paroit pas qu’il doive [4] aller en Provence ce seroit une dépense assez inutile ; il vaut mieux qu’il profite cet hiver de sa belle campagne. Nous[5] trouvions aussi que M. du Plessis, avec mille bonnes qualités, va être un peu pesant sur vos coffres, et inutile au marquis ; car il n’est guère question de gouverneur à la cour, et encore moins à l’armée. C’est demain, ma chère enfant, que votre cœur sera épanoui, et que vous apprendrez que Philisbourg est pris, et que votre fils se porte bien. On ne doute point ici que

    de ma vie, et qui n’est traversé que par votre absence mais, ma belle, etc. » (Édition de 1754.)

  1. 4. « M’ëtoit venu voir. » (Ibidem.)
  2. 5. Voulut venir me garder. » (Ibidem.)
  3. 5. du chavalier
  4. 7. Que le marquis doive, ete. " » (Ibidem.)
  5. 8. Cette phrase manque dans l'édition de 1937