Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/258

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je ne crains pas qu’il change on ne sort point de vos mains, ni de celles de Pauline, pour laquelle il me parolt avoir une véritable inclination. Je vous ai mandé que le café est tout à fait mal à notre cour mais par la même raison, il pourra revenir en grâce pour moi, qui suis bête de compagnie, vous voyez bien que je n’y songe plus ; j’aurois cependant tort de m’en plaindre, jamais il ne m’en a donné aucun sujet. Ne soyez point en peine de ma santé, elle est très-bonne ; ne me plaignez que de n’avoir point ma chère fille, qui me fait une si aimable et si charmante occupation, et sans laquelle ma vie est toute creuse. Faites un compliment pour moi à Monsieur d’Aix, pour voir[1] comme il se souviendra de moi. Je crois que M. de "Vendôme ayant réglé l’affaire, vous devez ne plus rien disputer, et vivre en paix[2], et jouir de sa bonne et vive conversation[3] : toute autre conduite est pour le divertissement des Provençaux, et ne vous est bonne, ni à la cour, ni dans la province. Mme de la Fayette trouve que M. de Grignan faisoit fort bien de traiter cette affaire avec la noble indifférence qui lui parut chez elle : cela fait qu’il n’a rien perdu. Elle le conjure, et Monsieur d’Aix aussi[4], et vous, ma belle, de vivre en ce pays-là, en gens de la cour qui se sont vus, et qui se reverront à Versailles. Bien des amitiés à ce cher Comte et à notre Coadjuteur; et si vous voulez embrasser Pauline pour moi, vous lui ferez un grand plaisir ; car je suis assurée qu’elle vous adore : c’est la manière de vous aimer.

  1. 20. «  » Afin de voir. » (Édition de 1754.)
  2. 21. « Vous ne devez plus rien disputer; il faut vivre en paix, etc. » (Ibîdem.)
  3. 22. Voyez la lettre du 3 novembre précédent, p. 240, et celle du l5 novembre suivant, p. 263 et la note 9.
  4. 23. Le mot aussi n’est pas dans le texte de 1754.