Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/265

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1087- DU COMTE ,DE BUSSY RABUTIN

A MADAME DE SÉVlGNÉ.

Huit jours après que j’eus reçu cette lettre (n° 1082, p. 242), j’y fis cette réponse., A Chaseu, ce 14è novembre 1688.

JE savois si bien votre occupation à Philisbourg, Madame, que je ne vous ai point écrit depuis l’ouverture de la tranchée. Je comprends bien vos craintes pour le marmot Grignan, et votre douleur pour l’absence de sa mère. Monsieur d’Autun m’a dit que vous lui aviez écrit depuis quelques jours, et qu’il n’avoit pas trouvé dans votre lettre cette gaieté qui les rend d’ordinaire si agréables. Je lui dis que vos alarmes pour le petit de Grignan, et votre chagrin pour le départ de la belle Comtesse ne vous Iaissoit[1] tout au plus que de la raison, mais une raison sans grâces et sans ornements, et qui ressembloit à ces beautés malades en qui l’on reconnoissoit encore quelques beaux traits. Je suis entré dans tous les chagrins et dans toutes les inquiétudes qu’a eues la belle Provençale sur votre sujet, et sur celui de son fils ; mais enfin la voilà délivrée d’une partie de ses maux avec un peu de patience, elle sortira de l’autre.

J’ai bonne opinion du roi d’Angleterre : il est au moins aussi brave que le prince d’Orange, et jusques ici il n’a pas été si malheureux que lui[2].

Au reste, ma chère cousine, la fortune s’est un peu raccommodée avec moi, ou pour parler plus chrétiennement, Dieu a touché le cœur du Roi sur mon sujet. Je

  1. LETTRE 1087. 1. Tel est le texte du manuscrit ; Bussy fait accorder le verbe avec le dernier sujet seulement ; quatre lignes plus loin, eues ne s’accorde de même qu’avec inquiétudes ; deux lignes après, il y a délivré, au masculin.
  2. 2. Ce petit alinéa a été biffé dans notre manuscrit, sans doute parce que les événements postérieurs l’avaient démenti.