Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/271

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vous aussi, mon cher Comte vous en avez sujet, l’un et l’autre. Mme de Montchevreuil, qui a perdu son fils[1] et Mme de Nesle qui perdra son mari, doivent bien vous porter envie. Voilà l’abbé Bigorre, qui dit que le marquis de Nesle est mort : il vous fait ses compliments, aussi bien que Corbinelli, sur la contusion de votre enfant ; la circonstance d’être à la cuisse est bien considérable. Adieu, mon aimable bonne : me voilà toute replantée à Paris, après quatre jours de campagne, où le beau temps et l’exercice me faisoient un bien admirable[2] mais Dieu n’a pas voulu que. j’aie eu plus longtemps ce léger plaisir.

1089. DE MADAME DE SÉVIGNÉ A MADAME ET A MONSIEUR DE GRIGNAN.

A Paris, ce mercredi 17e novembre.

C’est donc aujourd’hui, ma chère enfant, que notre marquis a dix-sept ans. Il faut ajouter à tout ce qui compose le commencement de sa vie, une fort bonne petite contusion, qui lui fait, je vous assure, bien de l’honneur, par la manière toute froide et toute reposée dont il l’a reçue. Monsieur le chevalier vous mandera comme M. de

  1. 19. Henri-Charles comte de Mornay, colonel du régiment de Béarn, fils aîné du marquis de Moutchevreuil, et aide de camp de Monseigneur, fut emporté d’un coup de canon au siège de Manhlieim, le 9 novembre 1688 (voyez la Gazette du 20). Louis XIV et Mme de Maintenon écrivirent à cette occasion le Roi au marquis de Montchevreuil, et Mme de Maintenon à la marquise ; le Roi fit même une visite à Mme de Montchevreuil. Voyez lé Bulletîn del'Athénée du Beauvaisis de 18S2, p. 309-371. Le comte de Mornay avait épousé le 2 septembre1685 Françoise de la Marazelière Coetquen.
  2. 20. « Me faisoient beaucoup de bien. » (Édition de 1754)