Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/293

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tout le monde, que cette petite aventure étoit un vrai bonheur ? Si c’étoit à la tête qu’il eût eu cette contusion, 1 je vous pardonnerois d’avoir refusé cette joie, mais dans de bonnes chairs, où il n’a fallu que de l’eau de la reine d’Hongrie. en vérité, vous êtes indigne des grâces que Dieu a faites à votre enfant pendant toute cette campagne. Oh! soyez donc au moins en repos aujourd’hui Mme de la Fayette vient de me faire savoir que son fils est arrivé; qu’il lui a dit mille biens du vôtre, et qu’il seroit venu lui-même m’en donner des nouvelles, sans qu’il est allé à Versailles, où Monseigneur est arrivé hier. au soir. Le bon petit marquis sera ici mercredi ou jeudi.

J’ai vu Mme de Mornay7 elle n’est point du tout affligée. Mme de Nesle8 l’est dans l’excès, et c’est un grand martyre pour elle d’être exposée dans la chambre

fi. « De me mander. » {Édition de 17S4.)

7. Voyez ci-dessus, p. a65, note 19.

S. Marie, fille du célèbre comte de Coligny Saligny, la dernière de sa maison (voyez plus haut, p. 217 et 218, la fin de la note 9). Elle était, dit Saint-Simon (tome II, p. 268), belle comme le jour, et son mari le marquis de Nesle l’avait épousée malgré père et mère. « M. de Mailly le père (le marquis Louis-Charles de Mailly), et Mme de Mailly sa belle-fille (Marie-Jnne Françoise de Sainte-Hermine, comtesse de Mailly), sont allés aujourd’hui prendre Mme de Nesle chez elle, et l’ont menée loger à l’hôtel de Mailly (rue- de Saune, et sur le quai au bout du pont Royal). Ce seroit une grande consolation au marquis de Nesle, s’il pouvoit apprendre cette nouvelle avant de mourir; il ne souhaitoit rien tant au monde que de voir sa femme raccommodée avec son père. Mme de Maintenon a fort travaillé à cette réunion, et le jeune de Mailly (le comte Louis de Mailly, frère puîné du marquis de Nesle) et sa femme y ont fait tout le mieux qu’il se pouvoit faire, quoique cette réconciliation parut être contre leurs intérêts. » i Journal de Dangeau, i5 novembre 1688.) On avait appris deux jours avant l’extrémité du marquis de Nesle, et sa veuve était grosse. (Même journal, i3 novembre, et la lettre du 2 mars suivant.} Voyez encore ci-après, p, 3oi, note 27.

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