Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/383

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Provençaux et les Bretons, que ses chausses de page étant moins commodes que celles qu’il a d’ordinaire, sa chemise ne voulut jamais y demeurer, quelque prière qu’il lui en fit ;;car sachant son état, il tâchoit incessamment d’y donner ordre, et ce fut toujours inutilement ; de sorte que Madame la Dauphine ne put tenir plus longtemps les éclats de rire[1] ce fut une grande pitié ; la majesté du Roi en pensa être ébranlée, et jamais il ne s’étoit vu, dans les registres de l’ordre, l’exemple d’une telle aventure. Le Roi dit le soir « C’est toujours moi qui soutiens ce pauvre d’Hocquincourt[2], car c’étoit la faute de son tailleur ; » mais enfin cela fut fort plaisant. Il est certain, ma chère bonne, que si j’avois eu mon cher gendre[3] dans cette cérémonie, j’y aurois été avec ma chère fille : il y avait bien des places de reste, tout le monde ayant cru qû’on s’y étoufferoit, et c’étoit comme à ce carrousel [4] Le lendemain, toute la cour brilloit de cordons bleus ; toutes les belles tailles et les jeunes gens par-dessus les justaucorps, les autres dessous [5] Vous

  1. 23. « Ses éclats de rire.» (Édition de la Haye, 1726.) Les deux éditions de Perrin n’ont pas le membre de phrase qui suit « ce fut une grande pitié. »
  2. 24. « Le pauvre M. d’Hocquincourt. » (Édition de la Haye, 1726.) Les deux éditions de Perrin n’ont de cette phrase que les derniers mots : « cela fut fort plaisant. »
  3. 25. II est certain, ma chère enfant, que si j’avois eu mon gendre, etc. » (Editions de 1737 et de 1754.) Ces deux éditions (1737 et 1754) n’ont pas, à la fin de cette ligne et à la- suivante, les mots «  avec ma chère fille. »
  4. 26. Comme au carrousel. » (Édition de la Haye, 1726.) C’est sans doute le carrousel dont il a été question dans la lettre du 3 avril 1686 voyez tome VII, p. 490.
  5. 27.« En 1675, le Roi et les chevaliers de ses ordres portèrent le cordon bleu par-dessous le just-au-corps; auparavant ils le portaient dessus, comme plusieurs le font encore présentement. » (Dictionnaire de Trévoux, article Saint-Esprit).