Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/423

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1125, DE MADAME de SẺVIGNẺ A. MADAME DE GRIGNAN.

ce mercredi 19è janvier.

Voila, ce mercredi, si défendu par ma chère Comtesse ; mais elle ne veut pas comprendre que je me repose en lui parlant. Je regarde souvent votre aimable portrait, et je vous assure que je commence trop tôt et trop tendrement à désirer de vous voir [1] », de vous embrasser, et d’entendre le son de votre voix : mon cœur est plein de ces désirs et de ces sentiments, et votre portrait les entretient sans les contenter. L’autre jour Mme de Chaulnes en fut charmée. « [2], et le loua d’un ton si haut, que vous devriez l’avoir entendu, quoique vous soyez bien loin, ma chère enfant ; car je sais où vous êtes, et cette connoissance démêle un peu mon imagination, qui sait où vous prendre à point nommé mais nous n’en sommes pas plus voisines. J’admire Mme de Langlée[3] d’être en Provence, sans être dans sa famille. Il me paroit que vous n’êtes pas contente du dîner que vous lui avez donné : elle est d’une délicatesse qu’il ne faut pas entreprendre de satisfaire.

    Molière, misantrope (sans h); l’Académie, dès 1694, se conforme à l’étymologie et imprime misanthrope. Dans sa seconde édition(1754), notre seule source pour cette lettre, Perrin ne met d’h ni à misanthrope ni à ses dérivés.

  1. LETTRE 1125. 1. Dans le texte de 1737 il y a simplement « à desirer de vous voir : mon cœur, etc.
  2. 2 Mme de Chaulnes en fut charmée l’autre jour. » (Édition de 1754.)
  3. 3. La mère de Langlée. Voyez au tome IV, p. 47, la note 10, que confirme ce passage du Journal de Dangéau, à la date du 24 novembre 1698. « Mme de Langlée la mère est morte en Dauphiné, où elle s’étoit retirée depuis longtemps ; Langlée son fils lui donnoit une pension de douze mille livres.