Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/424

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Le bon esprit du chevalier[1]ne trouve plus à propos d’aller à Avignon, et d’y faire de la dépense. Il y a vingt ans que vous brillez en Provence ; il faut céder à la dépense que vous êtes obligée de faire pour votre fils : le bon sens [2]va là tout droit ; et cette raison honnête à dire, est fort aisée à comprendre ; elle n’a point l’air d’un prétexte, après tant de preuves de votre bonne volonté et de votre magnificence. II faut céder à l’impossibilité ; je crains que cette vérité ne soit point encore entrée dans l’esprit de M. de Grignan, et qu’il ne juge de l’avenir par le passé, et que [3], comme il a toujours été, il ira toujours : cette espérance est vaine et trompeuse. Nous avons beaucoup raisonné sur tout cela, Monsieur le chevalier et moi. Dispensez-vous [4] de souhaiter la paix avec le pape, et tirez d’Avignon tout ce que le Roi vous permet d’en tirer8. [5]. [6] mais profitez de cette douceur comme d’une consolation que Dieu vous envoie, pour soutenir votre fils, et non pas pour en vivre plus largement ; car si vous n’avez le courage de vous retrancher, comme vous l’avez résolu, vous rendrez inutile ce secours que la Providence vous adresse. Voilà, ma très-chère, la conversation d’une maman qui vous aime aussi solidement que tendrement.

Nous attendons votre fils : il doit revenir ce soir de Versailles ; il y a sept jours qu’il est parti avec notre duchesse de Chaulnes :j’ai fort envie de savoir comme

  1. 4- « Je vois que le bon esprit. » (Édition de 1754.)
  2. 5. Vous devez céder à celle que vous êtes obligée de faire pour votre fils, et courir au plus pressé : le bon sens, etc.(Ibidem.)
  3. 6. « Et qu’en jugeant de l’avenir par le passé, il ne croie que, etc. » (Édition de 1754.)
  4. 7. « Cependant, ma chère fille, dispensez-vous, etc. » (Édition de 1737.)
  5. 8. Voyez la lettre du 26 novembre 1688, p. 285, et la note 18.
  6. 9. « ...ce secours de la Providence. Voilà, etc. » (Édition de 1754.) -Les trois alinéas qui suivent manquent dans l’impression de 1737