Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/443

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Prince y a pleuré. Racine n’a rien fait de plus beau ni de plus touchant : il y a une prière d’Esther pour Àssuérus[1], qui enlève. J’étois[2] [3] en peine qu’une petite demoiselle représentât le roi8 on dit que cela est fort bien. Mme de Caylus[4] fait Esther, qui fait mieux que la Champmeslé. ̃̃

  1. 6. Ceci s’applique évidemment à la belle prière qui forme la scène IV du 1er acte, et à la fin de laquelle Esther supplie le Seigneur de commander qu’en la voyant le courroux d’Assuérus s’apaise.
  2. 7. Dans l’édition de la Haye (1726), qui n’a pour toute la lettre qu’une partie de cet alinéa (depuis le commencement jusqu’à: « On veut y .faire aller, etc. »), ce passage est ainsi altéré : « J’étoïs en peine qu’une petite damoiselle représentât le Roi : on dit que cela est fort bien.Mlle de Caylus fait Esther, qui fait mieux que la Chamelaine (sic)’ fît : il y a un imprimé de cette pièce. » ̃
  3. 8. «Représentât ce roi. » (Éditions de 1737 et de 1784.) C’était Mlle de Lastic qui faisait Assuérus. Mme de Maintenon disait « qu’elle était belle comme le jour. » Voyez Madame de Maintenon et la Maison royale de Saint-Cyr par M. Th. Lavallée, chapitre IV, p. 86, 2e édition.
  4. 9. Marthe-Marguerite de Valois, arrière-petite-fille d’Agrippa d’Aubigné, fille de Benjamin de Valois, seigneur de Villette, et d’Artémise d’Aubigné, dame de Murçay, née en 1673, mariée en 1686 à Jean-Anne de Tubières de Grimoard de Pestels et de Levis, comte de Quelus, morte en 1729. Elle resta veuve en 1704, et Saint-Simon (tome IV, p. 380 et 381) dit à propos de la mort de son mari : « Au commencement de novembre, mourut, sur la frontière de Flandre, un homme qui fit plaisir à tous les siens ce fût Caylus, frère de celui d’Espagne et de l’évêque d’Auxerre, cousin germain d’Harcourt, qui avoit épousé la fille de Villette, lieutenant général des armées navales, cousin germain de Mme de Maintenon qui avoit toujours pris soin d’elle comme de sa propre nièce. Jamais un visage si spirituel, si touchant, si parlant, jamais une fraicheur pareille, jamais tant de grâces ni plus d’esprit, jamais tant de gaieté et d’amusement, jamais de créature plus séduisante. Mme de Maintenon l’aimoit à ne se pouvoir passer d’elle, au point de fermer les yeux sur une conduite que Mme de Montchevreuil avoit autrefois trop éclairée, et qui n’étant pas devenue meilleure dans le fond, avoit encore des saillies trop publiques. Son mari, blasé, hébété depuis plusieurs années de vin et d’eau-de-vie, étoit tenu à servir, hiver et été, sur la frontière, pour qu’il n’approchât ni de sa femme ni de la cour. Lui aussi ne demandoit pas mieux ...pourvu qu’il fût toujours ivre... Mme de Caylus... aimait le jeu sans avoir