Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/444

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S’il y a un imprimé de cette pièce[1], elle ne sera pas oubliée sur la table. On veut y faire aller l’abbé Têtu; en vérité, il es[2] fort à plaindre : il n’y a point de jour qui n’augmente son mal; l’opium ne le fait plus dormir[3] il ne sert qu’à le rendre un peu plus tranquille ; cela fait grand’pitié; cependant il va et vient. Je lui ai dit tous vos soins : il m’a fort priée de vous en témoigner sa reconnoissance.

Le mariage de M. de Rouci[4] s’avance fort; j’en suis

    de quoi le soutenir, encore mieux la table, où elle étoit charmante ; elle excelloit dans l’art de contrefaire, et surpassoit les plus fameuses actrices à jouer des comédies : elle s’y surpassa à celles d’Esther et d'Athalle devant le Roi. Il ne la goûta pourtant jamais, et fut toujours réservé, même sévère avec elle ; cela surprenoit et affiigeoit Mme de Maintenon. » Mme de Caylus avait assisté aux lectures que Racine fit d’Esther dans la chambre de Mme de Maintenon, et savait par cœur toute la pièce, de sorte qu’elle fit dans la suite presque tous les rôles, et principalement celui d’Esther, à mesure qu’une des actrices se trouvoit incommodée. » Elle fit Esther à la seconde représentation mais à la première ce ne fut pas elle, ce fut Mlle de Veilhenne qui remplit ce rôle. Voyez l’ouvrage déjà cité de M. Th. Lavallée, p. 85, 87 et 90. Dans l’édition de 1737 « Mme de Caylus fait Esther, et mieux que la Chammelay. Si cette pièce s’imprime, vous l’aurez bientôt. » Dans celle de 1754 « Mme de Caylus fait Esther, et fait mieux que la Champmêlé ; si cette pièce s’imprime, vous l’aurez aussitôt. »

  1. 10. La première édition d’Esther ne porte point d’Achevé d’imprimer mais l’enregistrement du privilège est du 18 février 1689.
  2. t11.« Il est, en vérité, etc. » (Éditions de 1737 et de 1754.)
  3. 12. « Ne le fait pas dormir. » (Édition de 1737)
  4. 13. François de Roye de la Rochefoucauld, comte de Roucy, lieutenant général des armées du Roi, mourut au mois de novembre 1721, dans sa soixante-troisième année. Il était fils du comte de Roye (voyez tome IV, p. 55, note 12), et épousa le 8 février 1689 Catherine-Françoise d’Arpajon, fille unique du duc et de Catherine-Henriette d’Harcourt, qui était dame d’honneur de la Dauphine. La comtesse de Roucy mourut en 17I6. « Le comte de Roucy, dit Saint-Simon (tome VIII, p. 164}, qui, sans avoir le sens commun, mais beaucoup de brutalité, d’assiduité et de bassesse, étoit de tout à la cour de Monseigneur, et quoique sans estime.... point trop mal