Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/455

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1132. BU COMTE DE BUSST RABUTIN A MADAME DE SEVIGNÉ ET A CORBINELLI

Trois semaines après que j’eus reçu cette lettre (n° 1119, p. 387) j'y fis cette réponse.

A Chaseu, ce 2è février 1689.

A MADAME DE SÉVIGNÉ.

JE fais un peu tard réponse à votre lettre du jour des Rois, Madame, parce que j’étois à Dijon quand elle arriva ici. Je commencerai donc par vous rendre mille grâces de vos souhaits, et par vous dire ensuite que je ne doute pas que je ne sois heureux cette année, au moins par mon courage et par ma résignation. Quand le Roi fit, il y a trois mois, deux grâces en vingt et quatre heures à mes enfants, tout le monde m’en fit compliment. J’étois si peu accoutumé à des prospérités, que je ne savois que répondre. Pour les malheurs je n’en suis pas de même. Dieu, en me donnant la force de les soutenir, me met dans l’esprit un fonds inépuisable de pensées pour en parler; et de peur même que mes tours et mes consolations ne s’usent à la fin, il détrône un roi à point nommé pour me fournir de la matière et pour me faire prendre[1] patience. Il me persuade même que le prince qui le protège, qui est si heureux et si digne de l’être, n’a pas fixé la fortune en dormant, et que dans[2]ses prospérités, il a moins de repos que ma isère ne m’en laisse. Je ne doute, non plus que vous, que le prince d’Orange n’ait bien voulu que le roi son beau-père se soit sauvé [3]il y a un fonds de christianisme à



e ce mo-

  1. LETTRE 1132 .1. Le mot prendre est écrit en interligne, d’une autre main que celte de Bussy.
  2. 2. Dans a été biffé dans notre manuscrit, et remplacé d’une autre main, en interligne, par « pour conduire et soutenir
  3. 3.« A l’égard de la sortie de Rochester, elle n’a pas été aussi difficile (pour Jacques II) qu’on se l’est persuadé, puisque ce mo-