Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/65

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qu’il a raison, rien ne le sauroit faire changer; sa vie est si sainte, que les rois chrétiens se décrieroient s’ils se brouillôient avec lui. Il faut dire la vérité, les franchises sont odieuses quand elles vont à rendre les crimes impunis. Il est de la gloire d’un grand pape de réformer cet abus, et même de celle d’un grand roi de ne s’en pas plaindre.

Je crois comme vous, Madame, que votre nièce m’a retrouvé meilleur après son absence. Il y a longtemps que j’ai dit sur l’amour (et c’est la même chose sur l’amitié) :

       La longue absence en amour ne vaut rien;
       Mais si tu veux que ton feu s’éternise,
       Il faut se voir et quitter par reprise:
          Un peu d’absence fait grand bien(8). 

La nôtre est trop longue, Madame; et quoique nos lettres nous rapprochent quelquefois, je serois bien aise de vous revoir plus souvent. Je vous trouve encore meilleure de près que de loin. Votre nièce croit cela comme moi, et vous assure qu’elle n’aime ni qu’elle n’estime pas une femme tant que vous. Voici ma lettre au Roi.

A CORBINELLI(9).

Vous avez raison, Monsieur, d’approuver tout ce que dit ma cousine : elle pense bien, et s’exprime de même. Ce que vous avez dit à Monsieur de Meaux pourra

7. L’édition de 1697 ajoute ici : « Il est vrai qu’il est fâcheux de trouver en son chemin de ces saints opiniâtres mais..." 8. Ces vers se lisent, avec deux légères différences au deuxième vers, dans les Mémoires de Bussy, tome II, p. 182 et 183. 9. Ces quelques lignes à Corbinelli et les premiers mots de celles qui sont adressées ensuite à Mme de Sévigné, ont été biffés dans notre manuscrit, jusqu’à : " Sous quelque forme, etc. (p. 60), et omis dans l’édition de 1697 et dans les suivantes.