Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/69

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sition(4) que les gens de quatre-vingts ans n’ont jamais. Il a eu des enfants depuis deux ans(5). Enfin tout a été prodige en lui. Dieuveuille le récompenser de ce qu’il a fait pour l’honneur et pour la gloire du monde ! J’ai senti vivement cette mort, par rapport à vous. Il vous a aimé fidèlement. Vous étiez son frère d’armes, et la chevalerie vous unissoit. Il vous a rendu des services que nul autre courtisan n’auroit osé ni voulu vous rendre(6). Il avoit un air et une manière qui paroit la cour. Quand la mode viendroit de faire des parallèles dans les oraisons funèbres, je n’en souffrirai jamais dans la sienne car il étoit assurément unique en son espèce, et un grand original sans copie. Nous avons lu avec douleur ce que vous avez écrit au Roi. En voulant le toucher, vous nous avez pénétrés. Ce n’étoit pas à moi que vous visiez. Plùt à Dieu que cette lettre eût fait l’effet qu’elle doit faire(7). Ce que vous lui représentez en est bien digne. Il y a des endroits touchants et des tours pour le porter à vous secourir qui ne sont que trop singuliers, trop pressants et trop véri-


tort d’en conclure que ce fût aussi l’usage chez les princesses ; les lits étaient placés sur des estrades, et l’on ne pouvait parler bas à la personne qui était couchée, sans se mettre à genoux sur les degrés. (Note de l’édition de 1818.)

4. Qualité de qui est dispos, agile. Voyez tome IV, p. 482, note 2.

5. De ce second mariage, contracté en 1680 (voyez tome VI, p. 482, note 6), il avait eu deux fils et une fille ; l’aîné, né en octobre 1682 fut évéque de Beauvais, et le second, né le 25 novembre 1684 (deux ans et quelques mois avant la mort de son père), ayant survécu au duc de Beauvilliers, devint duc de Saint-Aignan, en 1711 ; la fille, née en avril 1681, épousa, en 1703, le marquis de Marillac.

6. L’édition de 1697 ajoute ici « II a fait profession d’une amitié qui n’a point eu d’exemple depuis longtemps."

7. Ces mots ont été biffés dans notre manuscrit, et remplacés d’une autre main par « eût fait sur le cœur de Sa Majesté l’effet qu’elle a fait dans le nôtre !»