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voulez ; mais si vous êtes de la belle humeur où vous étiez en m’écrivant, je ne pense pas que vous puissiez rien faire de bon pour moi.

Suscription : Monsieur Monsieur d’Herigoyen, à Nantes

1025. DE MADAME DE SÉVIGNÉ ET DE CORBINELLI AU COMTE DE BUSSY RABUTIN.

Quinze jours après que j’eus écrit cette lettre (n° 1023, p. 56), je reçus celle-ci de la marquise de Sévigné.

                                       A Paris, ce 17e juin 1687.
                     DE MADAME DE SÉVIGNÉ.

JE ne m’amuserai point, mon cousin, à répondre à vos réponses, quoique ce soit la suite d’une conversation. Je veux commencer par vous dire avec douleur que vous avez perdu votre bon et fidèle ami le duc de Saint-Aignan (1).Sept ou huit jours de fièvre l’ont emporté, et l’on peut dire qu’il est mort bien jeune, quoiqu’il eût, à ce qu’on dit, quatre-vingts ans (2). Il n’a senti, ni dans l’esprit, ni dans l’humeur, ni dans le corps, les tristes incommodités de la vieillesse. Il a toujours servi le Roi à genoux (3). avec cette dispo-

LETTRE 102S. 1. Il mourut à Paris le 16 juin 1687. Voyez le Journal de Dangeau, à cette date, et la Gazette du 21 juin. 2. La Gazette dit « âgé d’environ quatre-vingts ans. Il n’en avait que soixante-dix-huit. 3. L’usage de servir le Roi à genoux parait avoir été apporté d’Espagne par Anne d’Autriche. On a vu tome II (p. 55 et 56) toutes les dames s’agenouiller autour de la Reine dans l’appartement de Mlle de Guise. On trouve d’autres exemples semblables dans les Mémoires de Mme de Motteville. Mme de Sévigné s’agenouille dans la ruelle de Mademoiselle de Montpensier (voyez tome II, p. 34) ; mais on aurait