Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/95

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des procès; il a remis toutes mes terres en bon état; il a payé nos dettes il a fait la terre où demeure mon fils[1] la plus jolie et la plus agréable du monde ; il a marié mes enfants en un mot, c’est à ses soins continuels que je dois la paix et le repos de ma vie. Vous comprenez bien que de si sensibles obligations, et une si. longue habitude, fait souffrir une cruelle peine, quand il est question de se séparer pour jamais. La perte qu’on fait des vieilles gens n’empêche pas qu’elle ne soit sensible, quand on a de grandes raisons de les aimer, et-qu’on les a toujours vus. Mon cher oncle avoit quatre-vingts ans il étoit accablé de la pesanteur de cet âge il étoit infirme, et triste de son état la vie n’étoit plus qu’un fardeau pour lui qu’eùt-on donc voulu lui souhaiter? Une continuation de souffrances? Ce sont ces réflexions qui ont aidé à me faire prendre patience. Sa maladie a été d’un homme de trente ans une fièvre continue, une fluxion sur la poitrine. En sept jours, il a fini sa longue et honorable vie, avec des sentiments de piété, de pénitence et d’amour de Dieu, qui nous font espérer sa miséricorde pour lui

Voilà, mon cousin, ce qui m’a occupée et allligée de




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    et sage conduite, et ce d’autant plus que dès l’année mil six cent soixante-onze, je lui ai fait une donation entre-vifs de tous mes biens propres que je possédois alors, que je ratifie autant que de besoin. » -- C’est d’abord Corbinelli qui est nommé exécuteur testamentaire; mais environ deux mois après, le 13 mars 1686, le tèstateur considérant que « M. de Corbinelli est assez souvent hors de Paris et que son décès pourroit arriver pendant son absence, » nomme en son lieu et place le notaire Thibert. Un des legs faits par l’abbé de Coulanges nous apprend que la Colm, dont il est parlé dans la lettre du 5 novembre 1684 (tome VII, p. 310, était Marie Beruyer ; il l’appelle « la bonne Colm », et lui laisse, « pour les services qu’elle lui a rendus pendant quinze ans environ, la somme de deux cents livres, pour son bon ménage et sa fidélité. »

  1. 3. La terre des Rochers