Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 8.djvu/96

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1687

puis quinze jours. Je suis pénétrée de douleur et de reconnoissance. Nos cœurs ne sont pas ingrats, car je me souviens de tout ce que la reconnoissance et l’amitié vous fit penser et écrire sur le mérite et sur les qualités de M. de Saint-Aignan. Nous sommes bien loin d’oublier ceux à qui nous sommes obligés.

J’ai trouvé votre rondeau fort joli4 tout ce que vous touchez est toujours d’un agrément qui ne se peut comparer à nul autre, quand même votre cœur n’est pas de la partie; car je comprends que la galanterie est demeurée dans votre esprit, sans que les charmes de l’aimable Toulongeon fassent une grande impression sur votre cœur.

Je ne doute pas des beaux titres que vous avez trouvés dans les archives de la maison de Coligny6. Il y a bien des réflexions à faire sur les restes de ces grands personnages, dont les biens sont passés en d’autres mains. L’origine de la nôtre est tout à fait belle, et dans le goût de ceux qui s’y connoissent.

Vous savez toutes les merveilles qu’on a faites sur les Turcs’. Notre cousin de Vienne n’y étoit-il pas des plus avant? Je suis quelquefois en colère de ne l’entendre jamais nommer n’est-il pas général de bataille ? Je vou-

4. Cet alinéa, qu’on est étonné de lire dans cette lettre de deuil, pourrait bien, ainsi qu’une partie des suivants, être de la composition de Bussy et avoir été ajouté par lui après coup. Voyez ci-dessus, p. 79, note 10, et p. 52, note 3.

5. Voyez plus haut, p. 77.

6. Le duc de Lorraine venait de battre à Mohacz, le 12 août, une armée turque de quatre-vingt mille hommes, commandée par le grand vizir. Voyez la Relation de cette victoire dans la Gazette de 1687 (p. 50r à 5ra).

7. Louis de Rabutin, qui avait épousé la princesse de Holstein. Voyez tome II, p. 40, note 4; tome VII, p. 192, note 3, et plus loin dans le présent volume, p. 181 et 182.