vous puissiez avoir en attendant que la chimère[1] vous en détourne. Je vous prie, mon cher Plessis, de me mander aussitôt qu’elle montrera le nez. Il me paroit que Mme de Vins, qui sait qu’elle n’a le pas qu’après cette personne, attend avec patience et impatience que vous ayez réglé sa destinée et celle de son fils[2]3. Votre pupille<ref4. Le marquis de Grignan.</ref>4 est fort joli; M. de Boufflers m’en mande des merveilles. C’est une chose étrange comme vous avez rendu ce petit garçon hardi et propre à la guerre il semble que ce soit sa pente naturelle. Vous me confirmez’dans la bonne opinion que j’en ai, en me disant qu’il vous aime toujours et qu’il vous écrit. Ce sont des pierres de touche que ces endroits-là. Ma fille fait fort bien aussi d’avoir du commerce avec vous. Vous ne sauriez douter de son estime vous avez eu plus de peine à vous en défendre qu’à la mériter.
Je suis assez seule présentement. Mon fils est à Rennes avec toute cette noblesse, à qui il faut donner l’air des régiments. Il y tient une grande table voilà ce qui s’appelle la guerre et ce qui l’afflige. Il vous aime toujours ; cette passion lui dure plus qu’une autre. Ma belle-fille est ici. Nous lisons; nous nous promenons ; nous prions Dieu ; nous travaillons ; nous recevons des lettres ; nous écrivons. Hélas! mon cher Monsieur, en voilà plus qu’il n’en faut pour faire passer les jours trop vite. J’en-
- ↑ 2. Voyez la lettre du 18 septembre suivant et la lettre à du Plessis du 25 du même mois.
- ↑ 3. Saint-Simon (tome II, p. 329) dit en parlant de M. et Mme de Vins :« …. Ils avoient un fils unique, beau, aimable, spirituel comme la mère, avec qui j’avois été élevé… Ce jeune homme fut tué à Steinkerque (au mois d’août 1692), à sa première campagne. Le père et surtout la mère ne s’en sont jamais consolés ; elle n’a presque plus voulu voir personne depuis, absorbée dans la douleur et dans la piété tout le reste de sa longue vie. »