Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 9.djvu/106

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se voit d’un coup d’œil, le détail importuneroit sa modestie : je suis remplie de ces vérités, et je regarde toujours Dieu, qui redonne à ce marquis un M. de Montégut[1]., la sagesse même, et tous les autres de ce régiment, qui pour plaire à Monsieur le chevalier font des merveilles à ce petit capitaine. N’est-ce pas une espèce de consolation qui ne se trouve point dans d’autres régiments moins attachés à leur colonel ? Ce marquis m’a écrit une si bonne lettre, que j’en eus le cœur sensiblement touché il ne cesse de se louer de ce M. de Montégut , il badine et me fait compliment sur la belle pièce que j’ai faite sur Monsieur d’Arles[2] : vous êtes bien plaisante de la lui avoir envoyée. Il dit qu’il a renoncé à la poésie, qu’à peine ils ont le temps de respirer ;: toujours en l’air, jamais deux jours en repos ils ont affaire à un homme[3] bien vigilant. Mandez-moi bien des nouvelles de Monsieur le chevalier ; j’espère au changement de climat, à la vertu des eaux, et plus encore à la douceur consolante d’être avec vous et avec sa famille. Je le crois un fleuve bienfaisant, avec plus de justice que vous ne le croyez de moi : il me semble qu’il donnera un bon tour, un bon ordre à toute chose. Il est vrai que le Comtat d’Avignon est une Providence qu’il n’étoit pas aisé de deviner. Détournons[4] nos tristes pensées; vous n’en êtes que trop remplie, sans en recevoir encore le contre-coup dans mes lettres. Il faut conserver la santé, dont la ruine seroit encore un plus grand mal ; la mienne est toujours toute parfaite. Cette purgation des capucins, où il n’y a

  1. 3. Voyez tome VIII, p. 253, note 5
  2. . Voyez la lettre du 1er juin précédent, p. 64-
  3. 5. Louis-François, marquis, puis duc de Boufflers, pair et maréchal de France. (Note de Perrin. 1754.) Voyez tome VIII, p. 72, note 3.
  4. 6. «  Mais détournons. » (Édition de 1754.)